Dans le 1er degré, un.e enseignant.e débutant.e gagne 9% de moins que la moyenne de l’OCDE, écart qui monte à 20% après quinze ans d’ancienneté.
Un.e professeur.e des écoles perçoit en moyenne un traitement mensuel de 2 400€ brut, tandis qu’un.e enseignant.e certifié touche 2 700€.
Des chiffres qui masquent un grand écart entre début et fin de carrière, entre l’enseignant.e du public et celui du privé et enfin entre le/la professeur.e des écoles (1er degré) et le/la professeur.e certifié.e (2nd degré). Et qui ne tiennent pas compte des primes.
En effet, dans l’enseignement privé de très grandes disparités entre un.e professeur.e des écoles qui est titularisé.e par concours de l’Education national et celui qui, après des années de remplacements (cf.maitres auxiliaires payés le SMIC) a été reçu au concours Sapin, pour résorber la précarité. Ces dernier.es ont pour la plupart réussi des concours niveau Bac+3, mais recrutés Bac +5, avec un statut d’institutrice ou d’instituteur -sans aucune possibilité d’avancement d’échelons-... cf.décret n° 86-83 du 17 janvier 1986 relatif aux dispositions générales applicables aux agents contractuels de l’État.
De même, le système de primes est encore défavorable aux enseignant.es du 1er degré, qui ne bénéficient que de l’indemnité de suivi et d’accompagnement des élèves (ISAE) , soit 100€ brut par mois alors que la liste de ses missions est très longue : rédaction des documents nombreux et variés (GEVASCO, PPRE, PAS.....) livrets scolaires avec les appréciations pour toutes les disciplines et l’appréciation générale, rencontre de tous les partenaires de soins, parents.... Le/la professeur.e des écoles est aussi un.e professeur.e principal.e et sans avoir le choix !.
Une autre inégalité entre ISAE et ISOE : l’ISOE est indexée à l’augmentation des salaires et non l’ISAE...
A cet effet le/la professeur.e du secondaire touchent une prime fixe équivalente (l’ISOE part fixe s’élève à 1256,03 € par an soit 104,6/mois depuis le 1er juillet 2022), à laquelle peut s’ajouter une ISOE part variable liée aux missions de professeur.e principal.e et aux heures supplémentaires( ISOE part modulable qui s’élève entre 1 289,44 € et 1 475,74 € selon la classe du professeur principal) .
D’autre part, comparés à d’autres fonctions publiques de l’Etat, ces diverses primes représentent une part relativement faible de la rémunération des enseignants : le taux de prime n’est que de 12% pour les professeurs des écoles et de 19% pour les certifiés. Elles sont bien loin des 46% enregistrés chez les attachés administratifs de l’État ou des 53% observés chez les capitaines et lieutenants de police lorsque l’on compare les grilles de salaires des différents agents de la Fonction Publique.
Pourquoi cette réforme est-elle injuste et inutile pour les enseignant.es du public ?
A l’époque l’ancien premier ministre, Édouard Philippe, l’avait lui-même reconnu : « L’application absurde des nouvelles règles pénaliserait les enseignants. » Actuellement, les retraites des enseignants du public sont calculées sur les six derniers mois de carrière hors prime. Un système qui assure un relativement bon niveau de pension : il s’élevait à 2 600€ en moyenne pour les nouveaux retraités partis en 2017, selon le dernier bilan social du ministère de l’éducation nationale. Mais cette moyenne cache des écarts, de 1 800 à 3 600€, selon la catégorie et le degré d’enseignement. Et qu’advient-il pour les enseignant.es de l’enseignement privé sous contrat si l’ampleur des dégâts est réelle pour l’enseignement public ?
La situation est PIRE pour les enseignant.es de l’enseignement privé !!!
Le calcul des retraite des enseignant.es du privé est calculé sur les 25 meilleures années puisqu’ils dépendent du Régime Général. Avec des carrières hachées, puisqu’il s’agit d’un métier ultra féminisé. Que d’économies le gouvernement fait sur le dos des enseignant.es sous contrat du privé !
Les professeur.es des écoles ont obligation de terminer l’année scolaire à la différence de leur collègue du 2nd degré : c’est la double, triple... peine ! C’est surtout une rupture d’égalité au sein de notre chère République...
Quelles sont les sorties de crise possibles ?
Pour compenser, le gouvernement a promis de revaloriser leurs rémunérations. Une chose est sûre : cette année, il y a de l’argent sur la table. Le budget total du ministère de l’Education est en hausse de 3,7 milliards d’euros (à 59,7 milliards d’euros). Près de la moitié de cette augmentation s’explique par le dégel du point d’indice des fonctionnaires, revalorisé de 3,5 % en juillet dernier, ce qui n’ajuste pas pour autant leurs salaires par rapport à l’inflation qui a bondi à 5,2 % en 2022 selon l’Insee.
En dehors du point d’indice, une enveloppe de 935 millions d’euros est prévue dans le projet de loi de finances 2023 pour revaloriser les enseignants. C’est sur cette enveloppe que portent les discussions. Elle se décompose en deux parties : 635 millions sur les 4 derniers mois de 2023 (soit 1,9 milliard en année pleine) sont dédiés à une augmentation moyenne de 10 % des salaires des enseignants dès la rentrée de septembre. Le reste, 300 millions, est alloué à l’augmentation associée au « pacte » qui prévoit d’augmenter les enseignants acceptant de nouvelles missions.
Mais les professeur.es des écoles peuvent-elles concrètement assumer de nouvelles missions alors qu’elles ont une Obligation Règlementaire de Services (ORS) de 27heures par semaine ?
Elles sont tous les jours en classe sans demie journée libérée au contraire de leurs collègues du 2nd degré. En aucune manière, ces propositions sont réalisables, réalistes et elles sont la preuve de la méconnaissance du métier dans les hautes sphères du pouvoir ! Encore des injustices.
A l’entre deux tours des élections présidentielles, il était question que le président augmente de 10% les salaires. Depuis, le ministre de l’Education assure que le président n’a jamais promis de revaloriser tous les enseignants mais qu’il s’agit d’une augmentation moyenne pour l’ensemble des enseignants.
Bref, c’est mathématiques, sans augmentation des salaires, les retraites seront bien maigres...
Les revendications du SUNDEP Solidaires :
– La parité des droits à la retraite public/privé comme l’exige la loi
– Pouvoir faire valoir ses droits à la retraite à la date d’anniversaire des professeurs des écoles et non en fin d’année scolaire
– Retraite à 60 ans max. Avant si pénibilité et carrière longue
– Suppression des annuités comme condition pour accéder au taux plein.
– Intégrer les primes au calcul des retraites
– Retraite doit être indexée sur les salaires eux-mêmes indexés sur l’inflation.
– Pas de retraite sous le SMIC (2000 brut revendiqué)
– Fin des exonérations de cotisation
– Intégration des retraites complémentaires (régime à points) dans les régimes de base.