Des stagiaires taillables et corvéables ! Des affectations de lauréats de plus en plus lointaines

dimanche 24 janvier 2010


Non content d’avoir supprimé l’année de stage payée et d’imposer aux étudiants le financement de deux années supplémentaires du fait de la mastérisation, le gouvernement veut en plus les exploiter dès le départ.
 pour les lauréats de concours : en leur imposant un travail à temps plein alors qu’ils auront encore à se coltiner des dossiers, rapports...
 lors leur période de formation intensive (un tiers du temps), ils seront simplement remplacés... par les étudiants en master 2 qui feront à cette occasion leur stage d’enseignement !

Par ailleurs, dans l’enseignement privé sous contrat, l’obligation d’une affectation sur des heures vacantes dès après le concours amène le ministère à élargir fortement la zone où le lauréat pourra trouver des heures :
 en 1er degré la circulaire stipule que leur affectation sera étendu aux départements limitrophes, ce qui ne limite d’ailleurs pas à l’académie...
 en 2nd degré on peut s’attendre à une remontée massive de cas à la commission nationale d’affectation.

Formation des maîtres bradée ! Le ministère ne sait plus quoi inventer pour récupérer des postes, d’après communiqué d’ATTAC

Le ministère avait imposé, contre l’avis de tous, d’augmenter de 8 à 12 h la durée hebdomadaire du service en responsabilité des stagiaires du 2nd degré reçus à un concours de recrutement (Capes, agrégation, Caplp, professeurs d’EPS).

Décision déjà particulièrement grave car elle amputait très lourdement la formation pédagogique des stagiaires. Mais cela ne suffisait pas pour récupérer 3 000 des postes supprimés au budget !

La circulaire ministérielle va plus loin

18 heures de cours par semaine pour les stagiaires la plus grande partie de l’année

A la prochaine rentrée, les stagiaires reçus aux concours de recrutement du 2nd degré seront affectés sur un poste de 18h pris sur l’ensemble des postes disponibles pour le mouvement intra-académique alors que les stagiaires étaient, jusqu’ici, affectés sur des supports de 8h créés spécifiquement pour eux.

Jusqu’à la Toussaint, les stagiaires seront en responsabilité dans leurs classes, pour un service de 18h, en présence de leur tuteur. Durant ces 6 semaines, le tuteur sera remplacé dans ses propres classes, par un TZR ou par un contractuel.

De la Toussaint au mois de février, chaque stagiaire assurera seul son service de 18h.

Une décision qui sacrifie la formation des stagiaires et les élèves

En février, le stagiaire suivra une formation pédagogique de 5 ou 6 semaines (Iufm, université … ?)
Le rectorat lancera un appel d’offre pour choisir « l’opérateur » chargé d’assurer cette formation.

Le stagiaire sera alors remplacé dans ses classes par un étudiant en M2, admissible au concours de recrutement dans le cadre des stages « 108 heures ».
Puis, jusqu’à la fin de l’année, il assurera seul son service de 18h dans ses classes.

Pour « étoffer le dispositif » le rectorat va demander aux établissements de prévoir une journée dans l’emploi du temps des stagiaires - qui reste de 18h - afin qu’ils puissent suivre ce jour-là … des formations pédagogiques !

Incroyable … mais vrai !

On imagine ce que sera la première année des collègues débutant dans le métier, les problèmes auxquels ils vont être confrontés, les risques que ce dispositif leur fait courir, la faiblesse de leur formation professionnelle, les difficultés pour préparer leurs cours, gérer leurs classes et suivre en plus la journée hebdomadaire de formation !

Quant aux élèves, 30 000 au moins d’entre eux (4 ou 5 classes de 30 élèves pour 250 stagiaires en moyenne) changeront plusieurs fois de professeurs, avec pour l’essentiel un stagiaire et … un étudiant. Les tuteurs prendront leurs classes … à la Toussaint !

Que le ministère puisse monter une telle usine à gaz montre son ignorance et le mépris dans lequel il tient notre profession, ainsi que l’importance réelle que le gouvernement attache à l’intérêt des élèves et à la qualité de l’enseignement.