Le RSA : un emplâtre sur une jambe de bois !

jeudi 28 août 2008


Le RSA (revenu de solidarité active) voudrait limiter la pauvreté d’un grand nombre d’actifs en emploi ou en recherche d’emploi.

Rappelons que le seuil de pauvreté est de 882 euros pour une personne seule, 1 147 pour une famille monoparentale avec un jeune enfant, 1 323 pour un couple sans enfant.
Dans 60 % de ces ménages il y a une ou plusieurs personnes actives, et un tiers de ces travailleurs pauvres travaillent à temps complet et sont rémunérés au Smic ou un peu au-dessus, alors qu’ils ont des personnes à charge.

Il y aurait actuellement 1,75 millions de ces « travailleurs pauvres ».

Pourtant, cette mesure risque fort de ne pas atteindre son but initial, de par des arbitrages finalement très défavorables :
 la loi va inciter les employeurs à multiplier les emplois très morcelés puisqu’ils toucheront des subventions, et ces emplois seront imposés aux travailleurs concernés dans le cadre de l’« offre raisonnable d’emploi ».
Déjà, dans les services à domicile, la durée moyenne de travail hebdomadaire est de 8 heures ...

 l’ensemble des secteurs d’activité qui accueilleront les bénéficiaires du RSA vont être incités à bloquer les salaires autour du SMIC.

 la mesure ignore tout dispositif de sanction pour les employeurs qui essaieraient de profiter du système pour paupériser encore plus leurs salariés.

Par ailleurs, la « taxe sur le capital », annoncée par Sarko et par les médias énamourés comme une mesure de gauche vise surtout le petit capital d’épargnants modestes (elle porterait principalement sur l’assurance vie), en épargnant les plus riches de toute façon protégés par le « bouclier fiscal ».

Bref, une solidarité en direction des plus pauvres par les à peine moins pauvres ...

COMMUNIQUE DE L’UNION SYNDICALE SOLIDAIRES DU 28 AOUT 2008

Le gouvernement a confirmé le fait de vouloir financer le Revenu de solidarité active (RSA) par un prélèvement de 1,1 % sur les revenus du capital. Le pire semble ainsi évité, puisque, à l’origine, le RSA devait être financé par une baisse de la prime pour l’emploi, les pauvres finançant ainsi les plus pauvres. Deux problèmes subsistent néanmoins. L’un concerne le financement lui-même, l’autre la nature même du RSA.

Concernant le financement, le prélèvement envisagé va toucher de la même manière les gros épargnants et les petits. En effet, contrairement à l’impôt sur le revenu qui est un impôt progressif qui pèse sur les plus riches, ce prélèvement est strictement proportionnel.

En pratique donc, l’essentiel de l’effort sera supporté par les « classes moyennes » et touchera peu les grosses fortunes. Il s’agit là d’un choix politique qui vise à les exonérer.

Si le gouvernement voulait vraiment taxer le capital, il aurait pu s’en prendre, par exemple, aux stock-options, dont la Cour des comptes a récemment rappelé que le fait qu’elles ne soient pas soumises à cotisations sociales induisait un manque à gagner de trois milliards d’euros.

Mais c’est l’objectif même du RSA qu’il faut interroger. S’il sera évidemment le bienvenu pour les personnes concernées, force est de constater qu’il entérine un modèle salarial bien particulier, celui de l’emploi à temps partiel, très faiblement payé. Dans ce modèle, le SMIC tend à devenir, non plus le salaire minimum, mais maximum ! Le choix du RSA, c’est le choix d’une société où se développe le travail précaire et dans laquelle le nombre de travailleurs pauvres augmente.

Pour l’Union syndicale Solidaires, c’est cette logique qu’il faut remettre en cause pour refaire du contrat à durée indéterminée à temps plein la norme de l’emploi. Ce n’est pas le choix du gouvernement qui s’acharne à détricoter le droit du travail pour favoriser la flexibilité et la précarité du travail.