Circulaire de rentrée 2023 : Pap Ndiaye, un ministre dans un jeu d’équilibriste !

samedi 19 août 2023


Publiée le 6 juillet, elle illustre la politique de notre ancien ministre Pap Ndiaye, c’est-à-dire une dose homéopathique d’une éducation progressiste dans un projet d’éducation libéral.

D’un côté, il y a une revalorisation individualisée et inégalitaire des personnels par le biais du Pacte et un financement de plus en plus concurrentiel des écoles et des établissements, lié à des appels à projets. L’hégémonie des savoirs fondamentaux y est réaffirmée.

D’un autre côté, elle accorde une place importante aux formulations progressistes portées par l’Union Syndicale Solidaires dont le Sundep Solidaires : contre le racisme et les discriminations, pour l’épanouissement des élèves, pour l’éducation à la sexualité et pour l’adaptation de l’école aux enjeux écologiques. Ainsi, la circulaire annonce comme priorité absolue de faire de l’école « un espace protecteur » pour les élèves et les personnels. Le « harcèlement sous toutes ses formes » sera au premier plan mais sans moyen supplémentaire. Un plan de formation est annoncé mais si comme cette année, les formations sont annulées faute de remplacant.es ou basculée hors temps scolaire, elles seront illusoires. Ceci est en lien avec la révision du programme d’éducation moral et civique qui seramis en œuvre à la rentrée 2024.

Le Sundep Solidaires se montrera particulièrement attentif aux moyens car sous des habits neufs, la lutte contre les inégalités sociales et scolaires ne peut pas se limiter à la création de « dispositifs d’excellence », ou tout autre labels ou conventions auxquels sont habitués les établissements de l’enseignement privé.

Également, la circulaire confirme la feuille de route des grands chantiers dénoncés par l’ensemble des organisations syndicales : l’accent ainsi mis sur les « missions complémentaires » proposées dans le cadre du Pacte ou du « conseil national de la refondation » ou la réforme décriée du lycée professionnel qui se traduit par l’augmentation du temps de stages et des fermetures de filières. La généralisation du dispositif de “découverte des métiers” dès la 5°, tend à imposer davantage l’entreprise dans le temps scolaire au détriment des enseignements et d’autres projets favorisant l’’ouverture culturelle et l’épanouissement des élèves.

Pap Ndiaye consacre un volet à l’épanouissement des élèves mais les préoccupations écologiques, l’éducation à la sexualité et l’attention portée à la santé mentale des élèves vont de pair avec la mise en place des « Classes et Lycées engagés » pour promouvoir le Service National Universel (SNU) ou avec une autosatisfaction hypocrite en matière d’accompagnement des élèves en situation de handicap. En effet, les AESH devront encore attendre pour être reconnu et voir leur métier valorisé.

Mais c’est bien dès 2023 que seront programmés des « séjours de cohésion » sur temps scolaire dans le cadre du SNU.

Le Sundep Solidaires réaffirme ses revendications d’abrogation pure et simple du SNU et le reversement des fonds au service public d’éducation. Le SNU est en effet à mi-chemin entre l’embrigadement militaire et le divertissement bon marché pour un coût exorbitant de 2 à 3 milliards* d’euros par an au total, et près de 3 500 euros pour chaque jeune concerné. Une véritable gabegie financière, au moment où le ministre de l’Education annonce 1 200 suppressions de postes d’enseignants en France, entraînant une dégradation des conditions d’apprentissage pour des milliers d’élèves. On songe également aux étudiants à qui les députés macronistes ont récemment refusé la généralisation du repas Crous à 1 euro.

*Sources le Sénat :
https://www.senat.fr/rap/r22-406/r22-406_mono.html#toc121