BREVE DE NOVEMBRE 2022

vendredi 11 novembre 2022


À l’heure où nous nous interrogeons sur la méthode employée et la direction choisie par le prudent Pap Ndiaye à la tête du ministère de l’Éducation nationale, on s’étonne de sa bourde historique, énoncée à l’occasion de la toute première « minute d’actualité de Pap Ndiaye ». Afin d’étayer un discours de décentralisation, ce dernier a prêté à l’ancien célèbre ministre de l’instruction publique Jules Ferry des propos falsifiés que ce dernier n’aurait pu tenir. Après Jean Jaurès revisité par J.M. Blanquer, c’est au tour de Jules Ferry d’être mal convoqué par le nouveau locataire de la rue de Grenelle. Une fiche McKinsey fautive, peut-être ?

AESH privé•es sous contrat d’association, c’est désormais permis !
Les quelque 132 000 AESH bénéficieront à la rentrée 2023 d’une augmentation salariale de 10 % mais, en attendant, leur situation ne change pas. Leur nombre reste largement insuffisant face à l’augmentation de celui d’élèves notifiés. En dix ans, le nombre d’élèves en situation de handicap scolarisé•es en milieu ordinaire a augmenté de 58,7 % dans le primaire et près de 150 % dans le secondaire. Manque de moyens et d’argent dédiés, de formation : les problèmes sont nombreux.
« Nous ne devons jamais nous habituer à ce que des enfants en situation de handicap soient privés de la chance d’aller à l’école » avait déclaré E. Macron en 2020 lors de la conférence nationale du handicap. Pourtant, depuis, de plus en plus d’élèves porteurs de handicaps sont déscolarisés faute d’un accompagnement pérenne.
Alors ce qui devait arriver arriva : des associations ont obtenu un agrément du Ministère afin de mettre à disposition des familles des AESH privées pour soutenir les enfants à besoins spécifiques au sein même des classes.
Après avoir nié leur présence, le Ministère a fini par concéder qu’il existait quelques rares exceptions. Enfin pas si rares puisque celles-ci ne dépendent que du bon vouloir des directions, directions plus enclines à proposer de tels services dans l’Enseignement privé sous contrat.
Il y a rupture d’égalité puisque seules les familles disposant de moyens financiers peuvent en bénéficier. D’autre part il est fort à parier, dans le contexte concurrentiel actuel, que ces emplois privés, mieux rémunérés, viendront siphonner les AESH les plus expérimenté•es du secteur public. Bref, un nouveau pas vers la marchandisation expresse de l’école.

Budget 2023 : circulez, il n’y a rien à voir !
Adopté en 1re lecture, sans débat, à l’Assemblée nationale après l’activation du 49.3, c’est ainsi que le gouvernement envisage le traitement du 1er budget de l’État : de manière très peu démocratique. Les « discussions » ont donc pris fin avant même que ce dernier soit mis à l’ordre du jour. Ses grandes lignes n’ont ainsi pas bougé : sur les 3,7 milliards d’euros de crédits supplémentaires en 2023, 1,7 milliards sont destinés au financement du point d’indice, 935 millions pour la revalorisation des enseignant•es et 150 millions pour le fond d’innovation pédagogique destiné à financer des établissements dans le cadre du Conseil National de la Refondation (ou CNR).
Actée également sans « discussions », la suppression de 2000 postes d’enseignant•es. En cause, la démographie française puisque le Ministère rappelle que 100 000 élèves en moins sont attendus pour la rentrée 2023. C’est sans compter les déjà nombreuses suppressions effectuées au cours des dernières années, près de 8 000 pour l’enseignement secondaire. Pour information, la rentrée 2023 devrait accueillir plus d’élèves qu’en 2017 : toujours la faute à la démographie française, de toute évidence.
Cette revalorisation n’apporte aucune réponse aux nombreuses difficultés rencontrées par les personnels de l’Éducation nationale qui continuent et continueront à se mobiliser. Quid des plus précaires dont le nombre ne cesse d’augmenter dans l’Éducation nationale, quid du manque de formation de beaucoup de personnels, quid de cette course en avant qui induit une mise en concurrence des un•es et des autres de manière accélérée ? Enfin, à la lecture de cette chute démographique, pourquoi ne pas envisager de baisser le nombre d’élèves par classe et ce de manière générale ?
Pourtant ce budget est jugé trop gourmand selon le rapport qu’en a fait le sénateur de la Meuse Gérard Longuet, rapport dans lequel il cible les conséquences budgétaires sur le long terme de la revalorisation salariale des enseignant•es.
Il est également fort à parier que cette même revalorisation ne sera pas tenue sur le long terme. Le gouvernement a en effet remis au parlement une loi de programmation quinquennale courant donc jusqu’en 2027. Les comptes sont d’ores et déjà faits : sur 5 ans, ce sera une augmentation de 4 et non 6 milliards pourtant nécessaires pour tenir les promesses faites.

Grève historique dans les lycées pro : le 17 novembre, on remet ça !
Les personnels de lycées professionnels et des lycées agricoles et maritimes se sont fortement mobilisés mardi 18 octobre pour réussir une grève majoritaire à l’appel d’une intersyndicale unitaire. Le SUNDEP Solidaires était présent. Tous et toutes avons été unanimes : le ministre de l’Éducation nationale et celui de l’Agriculture doivent entendre la colère des personnels et M. Pap Ndaye répondre à la lettre ouverte envoyée par l’intersyndicale.
L’expertise des personnels des LP est une évidence : ils/elles connaissent les élèves et leur famille, maîtrisent les contenus de formations, certifient les diplômes et sont aussi dans une relation directe et régulière avec les entreprises qui accueillent nos jeunes.
Pour ces raisons légitimes, le SUNDEP, à l’instar des autres OS parties prenantes, demande au ministre d’organiser des groupes de travail avec les syndicats des lycées professionnels afin d’établir un diagnostic sérieux et rigoureux sur l’ensemble des difficultés des élèves et des personnels. Sans cet état des lieux préalable, il est inenvisageable d’imposer une quelconque réforme.
Le SUNDEP appelle à une nouvelle journée de grève et de mobilisation le jeudi 17 novembre sous forme de rassemblements et de manifestations, et exige toujours le retrait du projet de réforme de la voie professionnelle.

Spécial Élections professionnelles :
Comment voter ?
Entre le 7 et le 17 novembre : réception de votre code de vote.
Une notice de vote contenant votre code de vote doit vous être remise dans ce laps de temps. Sa réception sera effectuée en mains propres par la direction de votre établissement ou par mail pour les enseignant•es qui n’exercent pas dans l’établissement (congés hors fin d’activité…).

Entre le 1er et le 8 décembre (jusqu’à 17h) : déroulement du vote électronique
Vous pourrez voter en accédant à la plateforme de vote électronique via votre mot de passe et votre code de vote.

Vous devrez voter 2 fois, au niveau académique et au niveau national. Le vote sera clos le 8 décembre à 17h00.

Pourquoi voter ?
Dans plusieurs académies comme celles de Toulouse, Paris et Créteil, des élu•es vous représentent et vous défendent dans ces rectorats d’académie.
Notre présence y est également essentielle pour faire entendre nos revendications, pour résister face à la déshumanisation de l’école, pour la défense de salaires décents, pour lutter contre la paupérisation rampante de tous les personnels de l’Éducation nationale, pour défendre le droit à la liberté pédagogique des enseignant•es.
Les prochaines élections professionnelles qui auront lieu du 1er au 8 décembre 2022 doivent permettre de changer la donne :

Ensemble, Solidaires, pour siéger en CCMA - CCMD/I en académies et au CCMMEP au national.
VOTONS 2 fois SUNDEP !