Modification des modalités de recutement des professeurs...toujours plus de mépris !

samedi 9 juillet 2022


S’il est une profession qui ne connait pas les temps morts, il s’agit bien des professeurs et notamment des professeurs stagiaires.
Des modifications pour les stagiaires durant l’année 2022-2023 viennent d’être publiées en juin 2022.

Source : Journal officiel

 Arrêté du 4 février 2022 fixant les modalités de formation initiale de certains personnels enseignant·es stagiaires
 Arrêté du 23 juin 2022 modifiant l’arrêté du 22 décembre 2014 fixant les modalités d’accomplissement et d’évaluation du stage des maîtres contractuels et agréés à titre provisoire des établissements d’enseignement privés sous contrat

Le retour des stagiaires à temps plein : et des miettes de formation....

Ainsi, l’arrêté du 4 février 2022 fixant les modalités de formation initiale de certains personnels enseignant·es stagiaires, indique comment se déroulera la rentrée prochaine pour les futur·es enseignant·es stagiaires lauréat·es des concours. Les stagiaires qui auront suivi un cursus universitaire « classique » via le Master MEEF seront désormais à plein temps en responsabilité de classe(s).
Il n’y aura plus qu’un « crédit de 10 à 20 jours de formation » !
Idem pour les stagiaires qui auront été contractuel·les dits « tiers-temps alternant-es » avant de passer le concours.

Aussi, on en conclut que pour le Ministère, la formation universitaire théorique avec un stage d’observation suffit à former un·e enseignant·e compétent·e, apte à prendre en charge ses classes et son public, aussi hétérogène soit-il, et ce quelles que soient les difficultés. Les jeunes enseignant·es, dont certain·es n’ont aucune expérience de l’enseignement, se retrouveront ainsi, sans aucune formation devant des élèves.

Le SUNDEP Solidaires ne cesse de dénoncer le manque de formation initiale et continue. L’inclusion scolaire, la lutte contre les inégalités scolaires et sociales, l’éducation à la justice environnementale et à l’égalité constituent des enjeux primordiaux du service public d’éducation et les personnels doivent être formé·es pour y répondre. Mais au final, nous pensons que ce sont des idées bien creuses pour « communiquer » à l’opinion générale.

Une contractualisation de plus en plus accrue des personnels qui entrent dans le métier !
En parallèle l’administration met en place les « étudiant·es-contractuel·les » qui assureront des missions d’enseignement pendant leurs études. L’administration profite de la précarité dont souffrent les étudiant·es pour pallier le manque de personnels enseignant·es et les difficultés de remplacement qui en résultent. L’administration prévoit d’engager des étudiant·es en M1 et M2 MEEF en « Tiers temps alternant » à 722€ par mois pour 6h de classe en responsabilité dans le second degré et 8h dans le premier degré. Ce type de contrat précaire deviendra l’une des voies d’accès classique d’entrée dans l’enseignement avec celle du simple Stage d’Immersion et de Pratique Accompagnée (SIPA). Dans le même temps, et ce depuis trois ans, un autre dispositif existe à partir de la L2 (simple observation) et jusqu’en M1 (tiers temps en responsabilité) pour un traitement allant de 700 à 980€ via un parcours de « pré-professionnalisation ». Pourtant, les dispositifs de pré-professionnalisation expérimentés jusqu’alors n’ont pas permis d’améliorer les conditions d’entrée dans le métier, au contraire.

La rentrée de septembre 2022 sera donc la première à inaugurer cette organisation maltraitante de l’entrée dans le métier, et il faut se préparer dès maintenant à soutenir aux mieux nos collègues et à nous mobiliser, encore et toujours, pour la défense de nos droits et une école de service publique.
Un service public qui bientôt sera entièrement privatisé...

Il manquera 4000 postes, le ministère le sait déjà...
C’est pire que ce que le Café pédagogique avait annoncé. Le 4 juillet, le Café Pédagogique annonçait « plus de 3000 professeurs manquants à la rentrée ». Le ministère de l’éducation nationale vient de publier ses chiffres. Selon lui ce sont 3 733 postes qui n’ont pas été pourvus aux concours 2022. Mais il assure qu’il y aura bien un professeur devant chaque classe grâce à l’appel à des contractuels.

Quel est le tour de passe passe du ministère pour remédier à la pénurie ?
Le Ministère de l’Éducation nationale a entrepris une vaste opération de précarisation de l’accès au métier d’enseignant·e. Si le Ministère communique sur le fait que le nombre de postes ouverts aux concours est globalement stable, il omet volontiers de mentionner les conditions dans lesquelles s’effectuera l’entrée dans le métier d’enseignant·e, la question de la formation et les faibles nombres d’admissibles dans les disciplines en tension.
En attendant, se mettent en place depuis le début de l’année 2022, les « Jobdating » (ou journées de recrutement) pour recruter les professeurs en trente minutes !
C’est la première académie de France (1 million d’élèves-Versailles) qui a lancé les hostilités le 2 juin 2022. Le défi est d’engager les 2 035 contractuels – dont 700 professeurs de primaire et 600 en collège et lycée – qui lui manquent pour la rentrée de septembre.

Suffirait-il d’être passionné d’histoire pour devenir professeur d’histoire, géographie et EMC ?
Suffirait-il d’avoir trois enfants pour devenir professeure des écoles ?

C’est méprisant pour toutes et tous les professeurs en poste
Les professeurs qui sont en poste, qui sont passés par les diplômes, les concours doivent se demander ce qui ne tournent pas rond au ministère de l’Education nationale...
Pour le SUNDEP Solidaires, avoir recours à ce type de recrutement est méprisant pour la profession et pour les élèves. Cela laisse penser qu’un.e enseignant.e peut être recruté.e en quelques minutes !
Enseigner n’est pas un job, c’est un métier, un métier qui s’apprend !
Quel mépris et quelle violence également pour les collègues qui seraient recruté.es et qui se retrouveront sans formation devant une classe !.