Réforme « Collège 2016 »
En débattre, la combattre
Revendiquer un autre projet
SUD éducation combat le projet de « Collège 2016 ». Cette réforme était pour
l’essentiel déjà cadrée par la loi d’orientation de « refondation », à laquelle nous nous
sommes opposé-e-s car elle porte des logiques d’inégalités, de mise en concurrence,
de soumission à l’entreprise, de dégradation des conditions de travail.
Dans un contexte d’austérité, ce projet ministériel ne prévoit aucune disposition
pour améliorer les conditions de travail des personnels et les conditions d’apprentissage pour les élèves.
Il remettrait en cause le collège unique, accentuerait encore les inégalités,
augmenterait l’autonomie des [chefs d’]établissements, induisant une concurrence
toujours plus grande entre collègues, équipes, disciplines et établissements tout en
multipliant des hiérarchies intermédiaires, dans la continuité des réformes statutaires
sur les « missions et services ».
Le projet ministériel modifie l’organisation des enseignements et des disciplines, sans que jamais les personnels n’aient pu en débattre.
Sans attendre, nous devons, partout dans les établissements, débattre des enjeux de
cette réforme, définir nos revendications, construire la mobilisation pour stopper ce
projet et imposer des alternatives.
Une réforme sans les personnels
Le projet ministériel comporte des modifications importantes du temps scolaire, de l’organisation disciplinaire des enseignements, de la pédagogie, il met en jeu des
matières et des enseignements. Il prévoit par exemple que les horaires des matières seraient modulables et globalisables sur un cycle. Il est pourtant imposé à marche forcée par le ministère dans un calendrier accéléré sans que jamais les personnels n’aient pu débattre, proposer, être consultés. En à peine un mois entre l’annonce des principes de la réforme et sa mise au vote au Conseil Supérieur de l’Education, tout sera bouclé pour une réforme qui se veut majeure. L’appropriation du service public par ses personnels suppose pour commencer qu’ils soient impliqués dans ses réformes !
Une réforme contre les personnels
La réforme s’inscrit dans la continuité des réformes statuaires, sur les missions, services, IMP (indemnités pour missions particulières) et les logiques inégalitaires et
discrétionnaires qu’elles comportent, avec la mise en place de hiérarchies intermédiaires à la botte des chefs d’établissements dont l’autonomie est encore accrue.
Le collège unique, proclamé mais bafoué
Le ministère affirme qu’il n’est pas question de mettre en cause le collège unique et qu’il refuse toute orientation ou pré-orientation précoce. Cependant, l’introduction de
différenciations permet toujours que des hiérarchisations entre options et parcours se réintroduisent, favorisant ainsi la reproduction des inégalités sociales et culturelles.
Un tronc commun, cela veut dire des branches distinctes.
La large autonomie laissée aux établissements pour tout ce qui n’est pas tronc commun accentuera les inégalités.
Il est où, le collège unique ? On est bien loin du projet que porte SUD éducation : celui d’une scolarité obligatoire commune jusqu’à 18 ans avec une formation polyvalente
et polyculturelle pour tou-te-s.
Faut-il étendre ce qui ne marche pas ?
L’extériorisation hors de la classe du traitement de la difficulté scolaire a été mise en oeuvre au primaire et au lycée avec l’aide personnalisée. Dans les deux cas, c’est
un échec. Son extension au collège témoigne du renoncement à la création des conditions pour que les difficultés des élèves soient traitées au sein de classe, ce qui
passe d’abord par des réductions des effectifs-élèves et des groupes réduits, et donc une programmation budgétaire à la hauteur des besoins. On en est loin.
Une réforme dans la « refondation »
La rénovation du collège s’inscrit dans le cadre de la loi d’orientation. La réforme s’inscrit donc dans le cadre d’une programmation budgétaire insuffisante et d’orientations fondamentales que nous combattons : le socle commun et la logique des compétences, ainsi que l’« autonomie » des établissements. Les préalables indispensables pour une nécessaire réforme du collège ne sont donc pas là : les postes, le temps et les conditions de travail des personnels, un projet d’école publique égalitaire et émancipatrice.
Une réforme dans l’austérité
Pour l’inclusion scolaire, pour les langues, pour les enseignements interdisciplinaires et pratiques, etc., des moyens humains et matériels sont nécessaires. Par exemple, la mise en place des IDD n’a donné lieu à aucune évaluation sérieuse, elle a abouti à des baisses d’horaires/matières et elle a finalement été abandonnée.
Alors, avec quels moyens, et quels dispositifs ? Des pratiques interdisciplinaires exigent du temps de concertation et des locaux adaptés. Mais tout est mis en place
pour économiser des postes, et tout ce qui va vers la globalisation et la mutualisation sous l’autorité des chefs d’établissement permettra d’abord d’« optimiser » l’usage
des « ressources humaines », selon les logiques managériales en voie de généralisation.
Nous ne défendons pas le statu quo et constatons depuis longtemps que le collège
prétendument unique est celui du tri social. Mais le projet du ministère ne répond
en rien à l’objectif de lutter contre les inégalités, qu’il va au contraire accentuer.
SUD éducation appelle les personnels à la grève le 19 mai, à se réunir en AG pour
débattre des enjeux de la réforme, élaborer des revendications et construire la
mobilisation contre ce projet et pour une autre réforme.
Pour SUD éducation, il faut revendiquer en priorité la diminution des
effectifs/élèves, la diminution du temps de travail et du temps de service devant
élèves des enseignant-e-s, et tout projet de réforme scolaire doit s’inscrire dans
la perspective d’une école polytechnique pour toutes et tous, égalitaire et
émancipatrice.
Appel intersyndical à la grève le 19 mai
Les organisations syndicales SNES-FSU, SNEP-FSU SNALC-FGAF, SNFOLC, SNETAA-FO, CGT Educ’action et SUD Éducation font le constat du maintien d’une réforme du collège contestée par la majorité des enseignants et rejetée au CSE par
des organisations syndicales représentant plus de 80 % des enseignants du second degré. Elles continuent à demander le retrait de cette réforme fondée sur l’autonomie des établissements et la multiplication des hiérarchies intermédiaires sous l’autorité du chef d’établissement et la reprise de discussions sur de nouvelles bases pour la réussite de tous les élèves. Sans répondre aux véritables besoins du collège, cette réforme ne ferait en outre, si elle était mise en œuvre en 2016, qu’engendrer davantage d’inégalités entre les élèves, aggraver les conditions de travail des personnels, mettre en concurrence personnels, disciplines et établissements. Dans un contexte déjà largement dégradé pour tous les personnels, elles ppellent à poursuivre les mobilisations en cours, débattre en AG des conditions de l’amélioration du collège, multiplier les formes d’action et se mettre massivement en grève le 19 mai.
Le 16 avril 2015