Le malaise de l’Éducation nationale

dimanche 12 juin 2011


Suicide, dépres­sion, arrêt de tra­vail, recon­ver­sion… Les signes annon­cia­teurs du malaise ensei­gnant sont deve­nus une réa­lité quo­ti­dienne. État des lieux de cette pro­fes­sion qui va mal…

« Un direc­teur d’école se pend dans sa classe », « Deux pro­fes­seurs se donnent la mort en Basse-Normandie »... Les cas de sui­cides dans l’Éducation natio­nale ont fait, ces der­niers mois, les gros titres de l’actualité. Pourtant le malaise ambiant ne date pas d’hier. Déjà en 2002, une étude épidé­mio­lo­gique de l’Inserm recen­sait 39 cas de sui­cides par an pour 100 000 ensei­gnants. Il s’agit de la pro­fes­sion la plus tou­chée, sui­vie de près par les fonc­tion­naires de police.

...Selon une enquête com­man­dée par le minis­tère de l’Éducation natio­nale, la quasi totalité des pro­fes­seurs de col­lèges et de lycées (93%) pense que le malaise enseignant existe réel­le­ment. Et 67% des ensei­gnants se sentent per­son­nel­le­ment concer­nés. Ce taux est en hausse de 14 points par rap­port à 2005 où il n’était « que » de 53%, tra­dui­sant un réel mal-être des ensei­gnants dans l’exercice de leur métier.

Les prin­ci­pales rai­sons de ce malaise ?

Les ensei­gnants dénoncent en pre­mier lieu un manque de recon­nais­sance professionnelle (cité par 47% des ensei­gnants son­dés), les condi­tions de tra­vail (pour33 %) et enfin, à un degré moindre, les condi­tions de rému­né­ra­tion, citées par 12% des ensei­gnants. Et chiffre plus inquié­tant, 27% d’entre eux songent à ces­ser d’enseigner en col­lège ou lycée dans les années à venir.

Un résul­tat qui n’étonne guère Chantal Lacassagne, secré­taire natio­nale en charge du dos­sier santé au tra­vail du SE-Unsa : « C’est le niveau qui reçoit de plein fouet les effets conju­gués des réformes, des res­tric­tions bud­gé­taires et des com­pli­ca­tions liées à l’âge des élèves. Les ensei­gnants doivent faire face aux dif­fi­cul­tés sco­laires des élèves et à l’incompréhension ou à l’attente déme­su­rée des familles, elles-mêmes en butte à des condi­tions de vie de plus en plus dures » .

La situa­tion n’est guère plus réjouis­sante du côté des ensei­gnants agré­gés. D’après une enquête de la Société des agré­gés de l’Université, 45,6% des pro­fes­seurs interrogés ont été ten­tés de démis­sion­ner et 73,6% envi­sagent une recon­ver­sion. Le manque de recon­nais­sance dans l’exercice de leur métier, le stress et le besoin de renou­vel­le­ment intel­lec­tuel en sont les prin­ci­pales causes.

Pour José-Mario Horenstein, psy­chiatre spé­cia­lisé dans la santé men­tale des professeurs : « Un grand nombre d’enseignants souffrent de ce que l’on appelle le burn out, qui se mani­feste par une sen­sa­tion d’épuisement phy­sique et émotion­nel. Elle se tra­duit par une mise à dis­tance du tra­vail, des élèves et de la hié­rar­chie et se transforme petit à petit en dis­cours très cri­tique, voire cynique. Ils peuvent égale­ment ressen­tir un sen­ti­ment de manque d’accomplissement dans le tra­vail ». Ce type de symp­tômes pose pro­blème car il est conta­gieux et va donc avoir un impact sur le climat sco­laire : « Dans le cadre du tra­vail, lorsqu’on est constam­ment en contact avec des per­sonnes qui tiennent un dis­cours cynique, cela finit par nous influen­cer », pré­cise José-Mario Horenstein. « Ce sen­ti­ment de malaise est lié au stress chro­nique. Les rela­tions par­fois dif­fi­ciles avec les élèves, la sur­charge de tra­vail, la déva­lo­ri­sa­tion du métier de l’enseignant, la perte de son auto­no­mie ou encore le pro­blème de l’hétérogénéité des classes en sont les prin­ci­pales causes. »"

article complet sur le site NousVousIls

Bien sûr le ministère a mis en place un plan de prévention qui bien sûr ne règle rien, faute de moyens et de volonté.

Au contraire les nouvelles évaluations prouvent que la porte de sortie se prépare avec l’entretien obligatoire au bout de deux ans d’ancienneté ainsi qu’après 20 ans d’ancienneté :

il faudrait être naïf pour ne pas voir se profiler des licenciements pour insuffisance professionnelle !

De même, nous savons bien que dans un très grand nombre de cas les difficultés que rencontre un enseignant sont amplifiées parce que l’enseignant n’est aidé que par ses collègues, comme ils le peuvent.

Trop souvent dans le privé sous contrat confessionnel, à tous niveaux de responsabilité, la charité consiste à enfoncer la tête sous l’eau de l’enseignant qui se noie dans ses difficultés !

Seule solution : la solidarité !

Solidaires, qu’on se le dise !


Voir en ligne : NousVousIls