La « note de vie scolaire » au collège : pourquoi nous y sommes opposés

vendredi 1er décembre 2006


Notre position : il y a confusion entre évaluation du travail scolaire et discipline. Les règlements intérieurs des établissements doivent suffire pour cadrer les comportements.

Par ailleurs, cette note pourrait servir de base à des signalements d’élèves « déviants » auprès des maires, si la loi de « prévention de la délinquance » est adoptée définitivement. On voit bien les dangers d’engrenage pour les jeunes qui en seraient victimes.

Des dérives peuvent aussi apparaître dans certains établissements privés : la note de vie scolaire intègre une « note » donnée par le responsable de la catéchèse !

Cette note doit intervenir pour le brevet des collèges. Il faut donc rappeler que nous sommes dans un pays de droit et que l’aspect religieux ne peut intervenir dans un examen public.

Selon la loi Debré, les activités liées au caractère propre - comprendre les activités liées à la religion - sont « en dehors » du temps de cours, et la liberté de conscience des élèves doit être impérativement respectée.

A la lumière des remontées des diverses académies, c’est l’anarchie totale. Les intervenants pour la notation, les critères pris en compte sont très différents d’un lieu à un autre et aboutissent à des notes totalement incohérentes.

Ce n’est pas de la responsabilité des maîtres puisque, dans une logique très hiérarchique, ce sont les chefs d’établissements qui en sont responsables, seulement « sur proposition de l’équipe enseignante ». C’est donc eux qui notent en l’absence de proposition.

Nous n’avons pas à cautionner ce système : nous proposons donc que nos adhérents et sympathisants refusent de participer à cette notation.

La note de vie scolaire a été instituée par une circulaire publiée au B.O. du 29 juin.

Elle est attribuée par le chef d’établissement en concertation avec le professeur principal et le CPE chaque trimestre de la 6e à la 3e. Elle évalue 4 choses :
 l’assiduité,
 le respect du règlement intérieur,
 « la participation de l’élève à la vie de l’établissement »
 l’obtention de l’ASSR et de l’attestation de formation aux premiers secours.
Ces deux derniers aspects peuvent donner des points supplémentaires.

« La note de vie scolaire est prise en compte pour l’obtention du diplôme national du brevet, dans les mêmes conditions que les résultats aux disciplines évaluées en contrôle en cours de formation. Elle est la moyenne affectée d’un coefficient 1 des notes de vie scolaire obtenues par l’élève chaque trimestre en classe de troisième ».

 Une note contestée et contestable

Avec l’arrivée des conseils de classe du premier trimestre, la question de l’attribution de la note se pose avec urgence. Et la note devient un thème récurrent sur les listes de discussion des enseignants.

Les reproches adressés au dispositif relèvent à la fois de la pédagogie et de la vie des établissements. D’un côté, la note est perçue comme un retour à la note de discipline qui transformait en points inclus dans la moyenne les fautes de comportements, ce qui aboutissait à instaurer une « double peine » largement dénoncée dans les établissements.

Quelques questions :
 "Les professeurs devront-ils noter le comportement des élèves dans leur cours ?
 Sera-t-il mis en place des « détecteurs » de certificats médicaux de complaisance pour évaluer au plus juste l’absentéisme ?
 Faudra-t-il éplucher les causes des absences avant d’attribuer les points en moins ou se basera-t-on uniquement sur les totaux ?
 Les professeurs sont-ils formés à l’évaluation des comportements ?
 L’élève peut-il être jugé sur sa personnalité ?
 Aurons-nous assez de recul, d’objectivité pour noter des comportements ? Et aurons-nous assez de temps ?
 L’injustice de ce système ne portera-t-elle pas préjudice à l’évaluation pédagogique proprement dite ?
 Inciter les élèves à participer à des actions citoyennes pour obtenir une meilleure note, n’est-ce pas les pousser un peu plus à un comportement consumériste ?
 L’évaluation pourra-t-elle être justifiée clairement aux familles ? Ce qui pourrait entraîner des conflits, allant jusqu’à des poursuites judiciaires..."

 Le désordre dans les établissements ?

A la lecture des messageries professionnelles, il apparaît que la note éveille des tensions dans les établissements. « Ce qui nous choque vraiment c’est qu’une personne s’est permis le droit de juger les élèves au niveau mise au travail » écrit par exemple un enseignant.

Dans son collège, les surveillants ont élaboré une grille précise et proposent des notes minimums au conseil de classe. Autrement dit le pouvoir de noter n’est plus l’apanage du professeur. Ailleurs la note oppose le chef d’établissement à son équipe ou le professeur principal à ses collègues.

 Comment y faire face ?

Le fait que la note de troisième entre dans l’évaluation du brevet amène des comportements différents d’un établissement à l’autre et diverses prises de position dans les syndicats.

Dans un communiqué de fin novembre, le Snes invite les enseignants à ne pas noter. « Nous sommes persuadés que le meilleur service que nous pouvons rendre à nos élèves est de ne pas entrer dans l’engrenage d’une note qui n’aura aucun effet prévisible sur ceux qui perturbent le plus la vie dans les collèges et qui ne peut que créer des malentendus et générer des tensions supplémentaires avec les élèves, voire leurs parents ! ».

Le Sgen-Cfdt demande aux enseignants de mettre 20 à tout le monde.

Le Se-Unsa propose de porter un avis « sur les deux seuls premiers points à savoir : assiduité de l’élève et respect du règlement intérieur. Cet avis peut aller par exemple du « RAS » au comptage des absences tel qu’il se pratique dans l’établissement. Pour la majorité des élèves, le chef d’établissement devrait donc mettre une note égale ou proche de 20/20. Pour les autres, faire en sorte que la proposition ne soit en aucun cas inférieure à la moyenne générale des notes de l’élève, afin d’éviter le principe de la double peine ».

D’après le Café pédagogique

Commentaires

  • bonjour
    j’aimerais que le sundep dise clairement ce que peuvent faire les enseignants sur cette question de la note e vie scolaire .
    Concrètement peut on refuser de donner une note ? n’est ce pas se mettre en faute ? se marginaliser ?
    quelle est la position des autres syndicats de l ’enseignement privé ?
    pouvez-vous les afficher ici ?
    CONCRETEMENT QUE FAIRE ?
    merci

    • Pour ce que j’en sais ... dans mon collège, la note serait mise par le CPE ... après consultation de son équipe de surveillants et du professeur Principal (dont le poids serait d’environ 20 %) ... donc le « prof lambda » reste plutôt en dehors .... ou n’y est que lointainement associé (comme on veut)

      Est-ce iconoclaste de dire que renforcer le poids de cette partie de l’équipe éducative (CPE-surveillants) n’est pas forcément attentatoire aux libertés individuelles des élèves ? Nous les voyons dans les classes ... moins concrétement dans leurs comportements au self, dans les couloirs, la cour, les WC ......
      Par contre nous avons des retours des personnels de nettoyage ..... et ce sont bien les CPE et surveillants qui « enquêtent » sur les bêtises des « sauvageons » dont certains peuvent parfois être par ailleurs « têtes de classe » ....

    • A la lumière des remontées des diverses académies, c’est l’anarchie totale.
      Les intervenants pour la notation, les critères pris en compte sont très différents d’un lieu à un autre et aboutissent à des notes totalement incohérentes.

      Ce n’est pas de la responsabilité des maîtres puisque, dans une logique très hiérarchique, ce sont les chefs d’établissements qui en sont responsables, seulement « sur proposition de l’équipe enseignante ». C’est donc eux qui notent en l’absence de proposition.

      Nous n’avons pas à cautionner ce système : nous proposons donc que nos adhérents et sympathisants refusent de participer à cette notation.

    • Bonjour,
      Pourriez-vous me renseigner sur ce sujet. Je suis suppléante depuis six ans. Certaines de mes collègues ont eu une prime de 350,58 euros, prime de pouvoir d’achat. Moi, je n’ai pas le droit car j’ai été en congé de maternité. Pouriez-vous me donner plus d’explications. Merci d’avance.

    • Certaines de mes collègues ont eu une prime de 350,58 euros, prime de pouvoir d’achat

      Cela doit correspondre à la GIPA (garantie individuelle du pouvoir d’achat).

      Comme on le précise dans l’article, elle est limitée aux enseignants qui ont un contrat « permanent » (« définitif » pour l’enseignement privé, donc pas les délégués académiques ou les suppléants) ... En fait elle ne concerne que très peu de monde, le gouvernement évite ainsi une mesure générale de réévaluation du point d’indice qui, elle concernerait tout le monde !

  • il y en a assez des gens qui radotent et critiquent tout sans réfléchir aux véritables intentions. 1° si un établissement utilise la cathéchèse pour noter, pourquoi laisser croire que c’est la politique de l’enseignement privé !?
    2° notre société (et principalement une majorité de notre jeunesse) a perdu toutes ses valeurs , par notre faute et notre laxisme. on n’ose plus dire à un jeune quelles sont les règles, ce qu’est la politesse, ce qu’est la rigueur, ce qu’est le partage, ce qu’est le respect. etc...

    Je suis contre la note de vie scolaire au brevet. elle n’a rien a faire dans un examen. je suis contre aussi le maintien du brevet.
    Par contre je suis pour un dossier de suivi scolaire ou l’on note la performance et le degré d’acquisition des connaissances, non pas par un chiffre, mais par des appréciations, je suis pour que dans les rubriques il y en est une mettant en évidence l’évolution de la personnalité. a partir de ce moment là on fera une véritable orientation.
    Je pense que la véritable intention de ceux qui ont mis en place cette note était ce que je viens d’exprimer. il s’y sont mal pris mais tout n’est pas à jeter au panier.