Bacs technos STI, STL, STD2A : une « réforme » - rétrécissement. La mobilisation est en marche

lundi 5 avril 2010


Les bacs technologiques auront assuré (avec les bacs pros) l’essentiel de l’objectif de l’augmentation du nombre de bacheliers.

Ils ont notamment permis à de nombreux jeunes issus des milieux populaires d’augmenter leur niveau de formation par des démarches pédagogiques moins académiques.

Toute réforme de ces bacs a donc un enjeu social évident... qui ne semble pas motiver ce pouvoir (qui a déjà sucré un quart du temps de formation pour les bacheliers pro).

Un inspecteur général avait carrément prôné la disparition de ces filières, et leur fusion dans les actuels bacs généraux. Si cette mesure radicale a été écartée, les arrêtés que le ministre Chatel en personne a présenté au Conseil Supérieur de l’Éducation (CSE) du 1e avril montrent bien que le pouvoir veut les réduire très fortement.

La réduction du nombre de filières et de cours, des contenus trop généralistes (et donc moins coûteux en moyens) font craindre à un rapprochement progressif dans un « lycée unique ».

Cette « réforme » aura aussi de lourdes conséquences sociales car elle va ouvrir un nouveau « vivier » de suppressions de postes, moteur principal sinon unique des « réformes » sarkosiennes. Confirmé par le refus du ministère lors du CSE de rétablir le seuil de dédoublement à 16 élèves (au lieu des 21 proposés) parce que ça lui « coûtait » 280 postes !

La mobilisation est en marche : ci-dessous un communiqué commun FSU - CGT - Sud Education - SNALC - FO - SNCL annonce des actions à venir. La CFDT et UNSA, malgré un vote négatif au CSE sur ces textes, semblent comme pour les bacs pro et le bac général plutôt soutenir les projets du ministre pour la voie technologique. Pour crier plus tard à la trahison, comme la CFDT le fait désormais pour les bacs pro ?

Des effectifs très importants

 Une filière technologique plus « généraliste »... et nécessitant bien moins de moyens

Pour le ministère, à coté d’une filière professionnelle plus spécialisée, la filière technologique doit aboutir à un baccalauréat plus « transversal », ouvrant sur la poursuite d’études.

Les séries Sciences et technologies de la gestion (STG) et Sciences et technologies de la santé et du social (ST2S) ont été rénovées en 2005 et 2007. Pour le moment leur évolution n’est pas traitée dans les textes déjà sortis, mais on peut penser que tout ce qui relève de l’enseignement général (tronc commun, groupes de compétence en langue...) leur sera appliqué.
Ainsi que la réduction d’un quart des enseignements technologiques comme en STI et STL ?

Les textes présentés le 1e avril concernent les Sciences et technologies industrielles (STI) et les Sciences et technologies de laboratoire (STL) ainsi qu’une nouvelle série sciences et technologies du design et des arts appliquées (STD2A).

 Des bacs qui passent de 17 à 7 spécialités !

La série STI, auparavant structurée en 14 spécialités, est réorganisée en 4 spécialités :
 innovation technologique et éco-conception ;
 système d’information et numérique ;
 énergies et environnement (l’appellation, amendée au CSE, n’est pas stabilisée) ;
 architecture et construction.

La série STL passe de 3 à 2 spécialités :
 biotechnologies ;
 sciences physiques et chimiques appliquées en laboratoire.

L’actuelle spécialité « arts appliqués » de la série STI devient une série à part entière « sciences et technologies du design et des arts appliquées » (STD2A).

 Des contenus appauvris, bien plus théoriques

La réforme sera appliquée à la rentrée 2011 en première et à celle de 2012 en terminale.

Les langues passent en groupes de compétence, la 2e langue vivante obligatoire est généralisée, et des cours en binôme avec un professeur de langue et un professeur de technologie seront dispensés (1 heure hebdomadaire) pour développer le vocabulaire spécialisé et la pratique professionnelle de la langue.

Il est mis en place un « accompagnement personnalisé » (de 2 heures hebdomadaires)

Dans la conception des programmes d’enseignement technologique (non connus à l’heure actuelle), le « geste » disparaitrait, et avec lui la plupart des enseignements en atelier ou en labo, au profit de la « simulation ».

Par ailleurs, une partie importante des enseignements technologiques (5 heures en STI) devient « transversale », c’est à dire identique quelle que soit la spécialité. Au risque d’un enseignement « touche à touche », sans approfondissements.

 L’analyse du SUNDEP

On le voit, toutes ces mesures permettront (réductions de filières et des enseignements technologiques, tronc commun, groupes de compétence en langues, limitation des dédoublements) une grosse économie de moyens et en plus l’accès aux labos, ateliers sera réduit, source là aussi d’économies à terme.

Le centrage sur des savoirs théoriques ne permettra plus aux élèves moins à l’aise en enseignement général de compenser par des compétences plus concrètes et plus motivantes.

Comme dans les bacs généraux, l’organisation des dédoublements des travaux en groupe et de l’accompagnement ne relèvera plus de normes nationales et sera livrée à l’initiative du chef d’établissement dans le cadre d’une enveloppe de16 heures. A cette occasion, les seuils de dédoublement (qui, il y a encore quelques années, étaient fixés à 12, actuellement à 16 élèves, passent à 21 élèves et seront appréciés pour tout l’établissement (au lieu d’une appréciation par classe) !

Une bataille d’amendements a d’ailleurs eu lieu en CSE pour à la fois revenir au seuil de 16 élèves pour le dédoublement et pour augmenter le nombre d’heures dédoublées à 18 au lieu de 16 h. Le ministère a paru céder à un moment, et a finalement imposé sa solution, confirmant que l’objectif principal est bien l’économie de moyens.

D’ailleurs un plan massif de reconversion des profs est prévu...

Surtout, cette réforme signe la volonté du pouvoir d’abandonner toute une part de la population scolaire qui réussissait, à travers ce type d’enseignement, à se promouvoir par des études longues, notamment ceux issus des classes populaires.

 Communiqué de l’intersyndicale SNES-FSU, SNEP-FSU,SNUEP-FSU, CGT Educ’Action, SUD Éducation, SNALC-CSEN, SNCL-FAEN et SNFOLC, le 1er avril 2010

Après la réforme de la voie professionnelle, celle de la seconde générale et technologique et celle de la voie générale, le ministre de l’Éducation Nationale propose aujourd’hui au Conseil Supérieur de l’Éducation une réforme des séries technologiques industrielles, de laboratoires et d’arts appliqués.

Elle est sous-tendue par les mêmes principes :
 diminution des horaires disciplinaires (essentiellement dans les disciplines technologiques) ;
 imposition d’un tronc commun pour les disciplines générales ;
 mise à disposition des établissements d’un volant d’heures globalisées pour les travaux pratiques, travaux dirigés et travail en groupes restreints et choix de leur répartition par les conseils pédagogiques ;
 introduction de 2 heures d’accompagnement personnalisé ;
 réduction du taux d’encadrement.

Tout en affichant une rénovation de la voie technologique, le projet, en fait,organise l’effacement de sa spécificité et va forcer nombre d’enseignants à envisager des reconversions.

Pourtant, les jeunes qui suivent ces formations sont attachés aux pédagogies qui y sont développées et les enseignants se sont prononcés pour le maintien et le développement de ces séries.

Après le vote négatif du Comité Interprofessionnel Consultatif, le ministre doit renoncer à ce projet de réforme et ouvrir la discussion sur de nouvelles bases intégrant plus de démarches technologiques, plus de travail en groupes à effectifs réduits en ateliers et laboratoires.

Les organisations SNES-FSU, SNEP-FSU, SNUEP-FSU, CGT-Educ’Action, SUD, SNALC, SNCL et SN-FOLC n’acceptent pas ces choix ministériels, inscrits dans la recherche de suppressions de postes et de réduction de l’emploi public. Elles dénoncent l’atteinte portée à l’offre de formation et la dégradation des conditions d’exercice des personnels.

Elles appellent les personnels à poursuivre et amplifier la mobilisation dans les établissements contre ce nouveau projet et contre les réformes de la voie générale et professionnelle, de l’autonomie des établissements et contre les conditions d’accueil des stagiaires lauréats des concours de recrutement.

 Les grilles horaires des bacs STI et STL

Classe de première
Tronc commun (STI et STL)
Mathématiques 4 h
Physique-chimie 3 h
Français 3 h
Histoire-géographie 2 h
Langues vivantes 1 et 2 (1) 3 h
Education physique et sportive (2) 2 h
Accompagnement personnalisé 2 h
Heures de vie de classe 10 h annuelles
Enseignements obligatoires
STI STL
Enseignements technologiques transversaux 7 h Chimie – biochimie-sciences du vivant 4 h
Mesure et instrumentation 2 h
Enseignement technologique en langue vivante 1 (3) 1 h Enseignement technologique en langue vivante 1 (4) 1 h
Un enseignement spécifique selon la spécialité :
 Architecture et construction
 Énergies et environnement
 Innovation technologique et éco-conception
 Systèmes d’information et numérique
5 h Un enseignement spécifique selon la spécialité :
 Biotechnologies
 Sciences physiques et chimiques en laboratoire
6 h
Enseignements facultatifs
Deux enseignements au choix parmi les suivants :
 Éducation physique et sportive ;
 Arts (arts plastiques, cinéma-audiovisuel, danse, histoire des arts, musique ou théâtre)
3 h
Atelier artistique 72 h annuelles
Classe de terminale
Tronc commun (STI et STL)
Philosophie 2 h
Langues vivantes 1 et 2 (5) 3 h
Education physique et sportive (6) 2 h
Accompagnement personnalisé 2 h
Heures de vie de classe 10 h annuelles
Enseignements obligatoires
STI STL
Mathématiques 4 h Mathématiques (8) 4 h
Physique-chimie 4 h Physique-chimie (9) 4 h
Enseignements technologiques transversaux 5 h Chimie – biochimie-sciences du vivant 4 h
Enseignement technologique en langue vivante 1 (7) 1 h Enseignement technologique en langue vivante 1 (10) 1 h
Un enseignement spécifique selon la spécialité :
 Architecture et construction
 Énergies et environnement
 Innovation technologique et éco-conception
 Systèmes d’information et numérique
9 h Un enseignement spécifique selon la spécialité :
 Biotechnologies
 Sciences physiques et chimiques en laboratoire
10 h
Enseignements facultatifs
Deux enseignements au choix parmi les suivants :
 Éducation physique et sportive ;
 Arts (arts plastiques, cinéma-audiovisuel, danse, histoire des arts, musique ou théâtre)
3 h
Atelier artistique 72 h annuelles

(1) La langue vivante 1 est étrangère. La langue vivante 2 peut être étrangère ou régionale. L’horaire élève indiqué correspond à une enveloppe globalisée pour ces deux langues vivantes. A l’enseignement d’une langue vivante peut s’ajouter une heure avec un assistant de langue.
(2) Les élèves désirant poursuivre l’enseignement d’exploration d’EPS de seconde de 5 heures bénéficient d’un enseignement complémentaire de 4 heures en sus de l’enseignement obligatoire. Dans ce cas, le cumul de cet enseignement complémentaire avec l’enseignement facultatif d’EPS n’est pas autorisé. Par ailleurs, ces élèves ne peuvent choisir qu’un seul enseignement facultatif.
(3) Enseignement dispensé en langue vivante 1 pris en charge conjointement par un enseignant d’une discipline technologique et un enseignant de langue vivante.
(4) La langue vivante 1 est étrangère. La langue vivante 2 peut être étrangère ou régionale. L’horaire élève indiqué correspond à une enveloppe globalisée pour ces deux langues vivantes. A l’enseignement d’une langue vivante peut s’ajouter une heure avec un assistant de langue.
(5) Les élèves désirant poursuivre l’enseignement d’exploration d’EPS de seconde de 5 heures bénéficient d’un enseignement complémentaire de 4 heures en sus de l’enseignement obligatoire. Dans ce cas, le cumul de cet enseignement complémentaire avec l’enseignement facultatif d’EPS n’est pas autorisé. Par ailleurs, ces élèves ne peuvent choisir qu’un seul enseignement facultatif.
(6) Enseignement dispensé en langue vivante 1 pris en charge conjointement par un enseignant d’une discipline technologique et un enseignant de langue vivante.
(7) Enseignement dispensé en langue vivante 1 pris en charge conjointement par un enseignant d’une discipline technologique et un enseignant de langue vivante.
(8) le programme de mathématiques de la spécialité physique et chimie de laboratoire est le même que celui de la série STI
(9) le programme de physique-chimie de la spécialité physique et chimie de laboratoire est le même que celui de la série STI
(10) Enseignement dispensé en langue vivante 1 pris en charge conjointement par un enseignant d’une discipline technologique et un enseignant de langue vivante.

 La grille horaire du bac STD2A sciences et technologies du design et des arts appliquées

Classe de première
Enseignements obligatoires
Français 3 h
Histoire-géographie 2 h
Langues vivantes 1 et 2 (1) 3 h
Education physique et sportive (2) 2 h
Physique chimie 3 h
Mathématiques 3 h
Design et arts appliqués 13 h
Design et arts appliqués en langue vivante 1 (3) 1 h
Accompagnement personnalisé 2 h
Heures de vie de classe 10 h annuelles
Enseignements facultatifs
Deux enseignements au plus parmi les suivants :
 Education physique et sportive
 Arts (arts plastiques, cinéma-audiovisuel, danse, histoire des arts, musique ou théâtre)
3 h
Atelier artistique 72 h annuelles
Classe de terminale
Enseignements obligatoires
Philosophie 2 h
Langues vivantes 1 et 2 (4) 3 h
Mathématiques 3 h
Physique chimie 2 h
Education physique et sportive (5) 2 h
Design et arts appliqués 17 h
Design et arts appliqués en langue vivante 1 (6) 1 h
Accompagnement personnalisé 2 h
Heures de vie de classe 10 h annuelles
Enseignements facultatifs
Deux enseignements au plus parmi les suivants :
 Education physique et sportive
 Arts (arts plastiques, cinéma-audiovisuel, danse, histoire des arts, musique ou théâtre)
3 h
Atelier artistique 72 h annuelles

(1) La langue vivante 1 est étrangère. La langue vivante 2 peut être étrangère ou régionale. L’horaire élève indiqué correspond à une enveloppe globalisée pour ces deux langues vivantes. A l’enseignement d’une langue vivante peut s’ajouter une heure avec un assistant de langue.
(2) Les élèves désirant poursuivre l’enseignement d’exploration d’EPS de seconde de 5 heures bénéficient d’un enseignement complémentaire de 4 heures en sus de l’enseignement obligatoire. Dans ce cas, le cumul de cet enseignement complémentaire avec l’enseignement facultatif d’EPS n’est pas autorisé. Par ailleurs, ces élèves ne peuvent choisir qu’un seul enseignement facultatif.
(3) Enseignement en langue vivante 1 pris en charge conjointement par un enseignant d’une discipline technologique et un enseignant de langue vivante.
(4) La langue vivante 1 est étrangère. La langue vivante 2 peut être étrangère ou régionale. L’horaire élève indiqué correspond à une enveloppe globalisée pour ces deux langues vivantes. A l’enseignement d’une langue vivante peut s’ajouter une heure avec un assistant de langue.
(5) Les élèves désirant poursuivre l’enseignement d’exploration d’EPS de seconde de 5 heures bénéficient d’un enseignement complémentaire de 4 heures en sus de l’enseignement obligatoire. Dans ce cas, le cumul de cet enseignement complémentaire avec l’enseignement facultatif d’EPS n’est pas autorisé. Par ailleurs, ces élèves ne peuvent choisir qu’un seul enseignement facultatif.
(6) Enseignement en langue vivante 1 pris en charge conjointement par un enseignant d’une discipline technologique et un enseignant de langue vivante.

Le site du ministère pour suivre l’évolution du projet