« Réforme » des lycées : accompagnement scolaire, tutorat... cache-misères de la réduction des moyens

vendredi 5 février 2010


Le B.O. spécial du 4 février 2010 publie six circulaires d’application concernant
 l’accompagnement personnalisé,
 le tutorat,
 l’apprentissage des langues,
 les stages de relise à niveau,
 l’accès des lycéens à la culture et les Maisons des lycéens.

Ces circulaires publiées le 4 février prétendent toutes mettre le lycéen au centre du lycée, en matière d’accès à la culture, d’accompagnement personnalisé, de tutorat, et même d’une Maison des lycéens à instituer dans les établissements.

Pour autant la lecture de ces textes met mal à l’aise. En effet certains dispositifs peuvent aussi bien se retourner contre les lycéens.

C’est le cas par exemple des stages passerelles. Ceux ci peuvent au contraire augmenter la sélection dans certaines filières en rendant plus facile une réorientation et donc une sélection accrue dans certains cas.

Un autre exemple est fourni par l’appel à des assistants aussi bien pour l’enseignement des langues que pour les stages : l’habitude de confier à des assistants de petits groupes d’élèves faibles pour qu’ils soient mieux pris en charge a abouti en fait à ce que leur niveau baisse.

Enfin il y a cette atmosphère de bricolage que l’on sent dans plusieurs circulaires. Ainsi les stages de remise à niveau sont prévus durant les vacances mais rien n’est dit sur le fonctionnement d’un établissement durant les congés. Il a un coût qui sera payé par les collectivités locales si elles le veulent bien.

L’énumération des projets qu’on peut mener en faveur des langues fait appel à des partenaires extérieurs à l’éducation nationale. La politique culturelle se résume elle aussi à l’appel à des organismes extérieurs et au bénévolat enseignant.

Dispositions gadget pour mieux détourner élèves et parents de l’objectif réel de la réforme : la réduction drastique des moyens mis à disposition des lycéens pour leur réussite.

 L’accompagnement personnalisé

Doté de 2 heures hebdomadaires, « est conduit de manière privilégiée dans le cadre de groupes à effectifs réduits ».

C’est « l’équipe pédagogique (qui) élabore le projet d’accompagnement personnalisé » avant de le transmettre au conseil pédagogique et au conseil des délégués pour la vie lycéenne puis au C.A.

« Sous l’autorité du chef d’établissement, l’équipe pédagogique met en œuvre les choix retenus par le conseil d’administration, et le professeur principal en assure la coordination ». Tous les professeurs peuvent y participer.

Sa forme est complexe. Il comprend « des activités coordonnées de soutien, d’approfondissement, d’aide méthodologique et d’aide à l’orientation » mais « il prend notamment la forme de travaux interdisciplinaires ».

Concrètement il restera aux équipes à définir des projets associant orientation et TPE et usage des TICE puisque celui-ci est recommandé.

Le B.O. énumère ce qui peut être fait :
 travail sur les compétences de base,
 parcours d’orientation,
 travaux interdisciplinaires.

« Il peut, par exemple, prendre la forme d’un suivi plus particulier d’un ou de quelques élèves, via l’usage des technologies de l’information et de la communication » nous dit le B.O., ce qui pourrait amorcer une reconnaissance officielle de nouvelles activités pour les enseignants.

 Le tutorat

Concerne les enseignants volontaires qui seront rémunérés par indemnités (montant encore inconnu). Pour sa mise en œuvre, le ministère promet des actions de formation avant la fin de l’année scolaire.

 Les langues vivantes

La circulaire définit les groupes de compétences et invite à les organiser indépendamment des classes.

"L’apprentissage de la communication en langue étrangère passe par l’acquisition de compétences dans cinq activités langagières :
 la compréhension de l’oral,
 la compréhension de l’écrit,
 l’expression orale en continu,
 l’expression écrite,
 l’interaction orale.

Le travail en groupes de compétences est centré sur une activité langagière dominante que l’on souhaite renforcer chez les élèves tout en prenant appui sur une autre activité langagière dans laquelle les élèves ont plus de facilités.

La constitution des groupes est modifiable au cours de l’année et est indépendante de la série, du statut de la langue choisie (LV1, LV2, voire LV3 pour certaines langues) et de l’organisation par classes.

« La démarche de projet est adaptée à ce mode d’organisation ». Les établissements pourront organiser des « périodes intensives d’enseignement ».

Par ailleurs le texte invite les lycées à nouer des partenariats avec des établissements étrangers, comme des « jumelages numériques », et à encourager les enseignements en langue étrangère d’autres disciplines, même hors section européenne.

Il mise sur la baladodiffusion pour améliorer les compétences des élèves. « La familiarité des lycéens avec les baladeurs numériques (audio ou vidéo) ou autres outils nomades (ordinateurs ou téléphones portables), la grande disponibilité de ces appareils et leur simplicité d’utilisation permettent d’envisager une généralisation rapide de leur usage ».

Enfin le texte fait référence à des intervenants extérieurs : assistants de langue, assistants d’éducation.

 Les stages passerelles et de mise à niveau

Ils sont soumis à l’avis du conseil pédagogique. Ils font appel à des enseignants volontaires ou à des assistants d’éducation.

"L’élève qui souhaite changer de série ou de voie construit avec l’aide du professeur principal, du conseiller d’orientation-psychologue et de son tuteur son projet de changement d’orientation.

Après avis du conseil de classe, ce changement d’orientation est prononcé par le chef d’établissement qui, le cas échéant, au vu des besoins spécifiques de l’élève, peut proposer à celui-ci de suivre un stage passerelle.

Le contenu, la durée et les modalités d’organisation du stage sont communiqués à la famille ou à l’élève majeur qui fait connaître son accord dont il est fait expressément mention dans la fiche-navette d’orientation.

Le lycéen peut être amené à réaliser tout ou partie du stage dans un autre établissement que le sien, en accord avec les chefs des établissements concernés".

 La vie lycéenne

Une circulaire sur l’accès de tous à la culture invite les lycées à signer un partenariat avec au moins une structure artistique ou culturelle.
Un professeur référent culture est mis en place mais sans qu’on sache précisément comment la fonction sera reconnue.

L’autre texte concerne la Maison des lycéens, une association « qui rassemble les élèves souhaitant s’engager dans des actions citoyennes et prendre des responsabilités au sein de l’établissement dans les domaines culturel, artistique, sportif et humanitaire ».

D’après l’analyse du Café pédagogique