Concours 2010 : définition des épreuves

samedi 9 janvier 2010


Le Journal officiel du 6 janvier publie une série d’arrêtés définissant les concours du premier et du second degré (P.E., agrégation, capes, capet, PLP, CPE).

Pour le ministère, ces concours, passés en cours de seconde année de master, sanctionnent une formation professionnelle. « Les étudiants préparant le concours enseignant sont sensibilisés progressivement aux métiers de l’enseignement ».

Dès qu’ils ont réussi leur concours et validé leur année de M1 (ou de M2 à partir de 2011), les lauréats sont affectés dans un établissement. Mais l’analyse des épreuves montre qu’elles ne portent pas sur des savoirs professionnels, ce qui est très gênant pour cette 1re promotion d’étudiants qui devra se coltiner dès sa sortie du concours des classes à temps complet !

Pour les conditions d’inscription aux concours, nominations, stages, se reporter à notre article sur ce site.

 Pour les professeurs des écoles

Globalement les épreuves d’admissibilité sont assez proches des concours existants, mais est notamment supprimée la formule qui existait dans l’arrêté précédent du 10 mai 2005 indiquant « des questions complémentaires sur la mise en situation d’enseignement d’une ou plusieurs notions abordées dans le dossier ou l’énoncé » . Cette suppression indique bien la volonté d’axer les épreuves écrites du concours quasi exclusivement sur la maîtrise des savoirs disciplinaires.

Il est aussi intéressant de remarquer, au moment même où une commission parlementaire débat de l’application du « Socle commun de connaissances et de compétences » voté en avril 2005, qu’aucune référence ne soit fait à celui-ci dans les arrêtés des concours et que par rapport à certains projets antérieurs, toutes les dénominations faisant référence au pilier du socle ont été supprimées pour être remplacées par des énumérations de disciplines. On veut sans doute ainsi aider les futurs enseignants à mieux comprendre la démarche du socle commun et l’évaluation par compétences…..

D’autres absences dans l’arrêté concernant le concours de professeurs des écoles posent quelques questions :
 Qu’en est-il des pré-requis concernant les TICE. ? Il avait été évoqué la possession du C2i comme une obligation….. A l’heure des tableaux et du cartable numérique, cette non-présence des TICE dans les textes est surprenante

 Qu’en est-il des pré-requis concernant les langues vivantes étrangères ? Dans le texte publié le 6 janvier 2010, aucun article ne concerne cette question pourtant importante. Aucune épreuve de vérification des compétences en langues vivantes étrangères n’est prévue.

 Enfin, la disparition de la note éliminatoire de 5 sur 20 qui existait pour les épreuves d’admissibilité et pour l’épreuve orale d’entretien a disparu.

Les épreuves orales du CRPE sont structurées sur le français et les mathématiques avec un complément de la présentation d’une séquence d’enseignement en mathématiques, une « présentation » dans trois domaines : Arts visuels ; expression musicale ou éducation physique et sportive.

La suppression de l’épreuve orale d’entretien qui portait à partir d’un dossier remis par le jury et d’un entretien sur « l’aptitude à se situer par rapport au métier de professeur des écoles et à mettre en relation ses connaissances et sa réflexion dans le domaine de l’éducation » n’est absolument pas compensée par l’interrogation de « dix minutes » sur la compétence « Agir en fonctionnaire de l’État et de façon éthique et responsable » à partir d’un document.

Il est à souhaiter pour les professeurs des écoles comme pour ceux du second degré que cette interrogation sur cette compétence serve véritablement à former les futurs enseignants et non à les formater.

 Pour les enseignants du second degré

Les concours restent donc axés sur la ou les disciplines. A l’heure de la mise en place du socle commun, de la réforme du lycée, de la volonté de mise en œuvre de travaux interdisciplinaires, les épreuves du concours risquent donc de fragiliser encore plus les futurs enseignants dans leur entrée dans le métier et ce d’autant plus que cette organisation des concours n’incite en rien à effectuer des stages dans des établissements scolaires.

Alors qu’il avait été annoncé que les concours de recrutement du second degré seraient tournés vers les programmes scolaires et non vers les découpages disciplinaires universitaires, on peut remarquer que les épreuves d’une partie des CAPES seront sur la base de questions révisées périodiquement. Nul doute que comme aujourd’hui, ces questions seront communes avec celles de l’agrégation correspondante…

Les concours tels qu’ils se présentent ne permettent donc pas une professionnalisation des enseignants et ils piloteront les masters en les axant uniquement sur la compétence disciplinaire et non sur les enjeux que représente la réussite des élèves en collège et en lycée.

Le nouveau modèle proposé, loin de les améliorer, s’éloigne de la professionnalisation nécessaire des futurs enseignants. La suppression de l’année de formation professionnelle après la réussite au concours apparaît donc d’autant plus inconcevable.

Est-il normal que l’entrée dans le métier enseignant se caractérise par un changement radical de posture entre ce qu’ont été les études universitaires, la préparation au concours et la réalité du travail à exercer, de la mise en apprentissage des élèves ?

Le jeune enseignant sans préparation va devoir se montrer capable de transmettre des savoirs, de mettre des élèves en apprentissage alors que l’année précédente, ils cultivaient les savoirs pour eux-mêmes hors de toute perspective éducative.

La réforme de la formation des enseignants devient de plus en plus contre productive par rapport aux transformations nécessaires de notre système éducatif.

 Une réforme très contestée

Depuis la mise en route de la réforme, syndicats, formateurs et universitaires se sont opposés au projet gouvernemental en soulignant les dangers d’une formation qui ne comporte pas de formation professionnelle obligatoire. Le Cneser a très majoritairement voté contre le projet fin décembre. Les arrêtés ont été signés le 28 décembre.

Rappelons que les candidats aux concours internes 2010 recrutés avant le 30 juillet 2009 pourront se présenter s’ils remplissent les anciennes conditions de diplôme (généralement la licence) et d’ancienneté de services.

Ceux recrutés après le 30 juillet 2009 devront remplir les conditions de diplôme requises des candidats aux concours externes (en principe le M1) et d’ancienneté de services.

Les conditions d’inscription pour le troisième concours ne changent pas avec cette réforme. Les modalités spécifiques d’accès au concours (mère ou père de trois enfants, troisième concours, discipline professionnelle des concours professionnels, etc.) sont maintenues.

Les épreuves d’admissibilité des nouveaux concours de recrutement des enseignants auront lieu en septembre 2010 (pour le recrutement des professeurs des écoles) et en novembre 2010 (pour le recrutement des professeurs certifiés).

Source Le Café pédagogique (dont analyse de Jean-Louis Auduc), EducPro

Liens vers les différents arrêtés :

 Arrêté du 28 décembre 2009 fixant les sections et les modalités d’organisation des concours de l’agrégation

 Arrêté du 28 décembre 2009 fixant les sections et les modalités d’organisation des concours du certificat d’aptitude au professorat du second degré

 Arrêté du 28 décembre 2009 fixant les sections et les modalités d’organisation des concours du certificat d’aptitude au professorat de l’enseignement technique

 Arrêté du 28 décembre 2009 fixant les sections et les modalités d’organisation des concours du certificat d’aptitude au professorat de l’enseignement professionnel

 Arrêté du 28 décembre 2009 fixant les modalités d’organisation des concours du certificat d’aptitude au professorat d’éducation physique et sportive

 Arrêté du 28 décembre 2009 fixant les modalités d’organisation du concours externe, du concours externe spécial, du second concours interne, du second concours interne spécial et du troisième concours de recrutement de professeurs des écoles

Commentaires

  • si je comprends bien les concours de l’agrégation restent inchangés ?

    • Effectivement, c’est ce qui était prévu dès le départ.

      Par contre, le fait que l’agrégation ne soit ouverte qu’aux titulaires d’un master 2 validé (soit un an de plus que pour la présentation au CAPES, option demandée par la « Société des agrégés » et certains syndicats orientés à droite, SNALC, Autonome Sup..) va changer radicalement la donne :
       les écoles normales supérieures (ENS) ne devraient plus présenter de candidats (une l’a déjà annoncé) car cela ne cadre plus avec leur cursus,
       à court terme c’est une bonne nouvelle pour les autres puisque les les candidats issus des ENS représentaient plus de 37% des lauréats en 2009,
       à long terme cela remet en cause le prestige de l’agrégation comme niveau d’excellence académique.

    • Merci pour votre réponse.
      Vous parlez d’un master 2....n’importe quel master ? Un DESS par exemple serait il suffisant ?
      J’imagine que pour l’agrégation interne ces conditions de master 2 ne s’appliquent pas ?

      Cdlt

    • en parlant de concours, quelqu’un peut -il me renseigner sur les conditions exactes requises pour se présenter au CAER et au CAFEP ?
      MERCI

    • - master 2….n’importe quel master ? Un DESS par exemple serait il suffisant ?

      Pour toutes ces questions lire l’article sur le site et les décrets de juillet en liens

      - conditions exactes requises pour se présenter au CAER et au CAFEP ?

      Les conditions sont les mêmes pour les CAFEP que pour les concours externes du public, idem pour les CAER et concours internes du public, donc mêmes sources

      - concours interne/CAER


      * Il faut rappeler que les concours internes sont maintenus comme actuellement (conditions de titres...) jusqu’en 2015 inclus

      * autre paramètre dans le choix : cette année le nombre de postes dans les concours externes privés a très fortement augmenté (doublement, voir triplement pour les PLP) alors que les internes CAER stagnaient, comme tous les concours du public (situation que nous dénonçons).
      Il n’est cependant pas du tout garanti que cette augmentation soit reconduite.

    • Bonjour,
      * Il faut rappeler que les concours internes sont maintenus comme actuellement (conditions de titres…) jusqu’en 2015 inclus
      Est ce que cela veut dire , qu’ il n y aura plus de concours internes a partir de 2015 ?
      Merci pour votre réponse

    • il n y aura plus de concours internes a partir de 2015 ?

      Au début de la réforme le bruit a effectivement couru d’une possibilité de remise en cause parce que justement ces concours internes n’étaient pas évoqués.

      2015 c’est loin. Le fait que les textes indiquent cette date lointaine garantit en fait leur maintien !

  • Bonjour,

    J’aurai voulu savoir si pour la session 2011 on pouvait se présenter au capes externe avec un M1 et sans être inscrit en M2 ? En résumé, peut-on se présenter avec un M1 et préparer le M2 qu’après avoir eu le concours ?

    Autre question : pour se présenter à l’interne, faut-il être en poste au moment des inscriptions ou les 3 ans d’ancienneté suffisent ? Parce-que bon, on ne peut jamais être sûr de trouver un remplacement en début d’année.

    Merci

    • pour la session 2011 on pouvait se présenter au capes externe avec un M1 et sans être inscrit en M2 ? En résumé, peut-on se présenter avec un M1 et préparer le M2 qu’après avoir eu le concours ?

      A partir de 2011, pour se présenter au CAFEP (ou au CAPES public) il faut :
       justifier d’un master 2 ou équivalent
       ou justifier d’un master 1 et être inscrit en master 2

      pour se présenter à l’interne, faut-il être en poste au moment des inscriptions ou les 3 ans d’ancienneté suffisent ?

      Il faut être soit
       maître en contrat (ou bénéficier d’un agrément pour les écoles sous contrat simple) définitif ou provisoire ;
       maître délégué
       si vous n’êtes plus en poste, il faut avoir été délégué dans un établissement privé sous contrat pendant tout ou partie de la période comprise entre le 1er septembre de l’une des six dernières années scolaires et la date de clôture des inscriptions au concours.