Les « désobéisseurs » s’organisent

lundi 31 août 2009


Réunis en université d’été à Montpellier jeudi 27 août, les « désobéisseurs » créent un mouvement « le Réseau des enseignants du primaire en résistance ».

Réunissant les enseignants qui ont manifesté leur refus des programmes et horaires mis en place par X Darcos, le mouvement entend, malgré les sanctions, prolonger le combat.

« Les enseignants du primaire en résistance s’opposent, y compris par la désobéissance, aux « réformes » structurelles et pédagogiques qui déconstruisent l’école publique ; dans le même temps, ils proposent et mettent en œuvre des dispositifs pédagogiques qui vont dans le sens du respect, de la coopération et du progrès de tous les élèves ».

Ils se dotent d’une « charte de la résistance pédagogique » qui guide leur mouvement et remplace les lettres de désobéissance individuelles. Les « désobéisseurs » s’engagent notamment à respecter les droits de l’enfant, à favoriser son autonomie, à « assumer une autorité éducative opposée à l’autoritarisme » et à « créer les conditions de coopération au sein de la communauté éducative ».

Ils s’ancrent ainsi dans un courant pédagogique largement présent dans l’école primaire. Cette charte pourra être signée en ligne. Ils annoncent l’ouverture d’une caisse de résistance qui devrait permettre de faire face aux sanctions financières qui les touchent.

Le même jour deux animateurs du mouvement, Bastien Cazals et Isabelle Huchard ont été révoqués de leur fonction de direction d’école par l’inspecteur d’académie de l’Hérault. L’an dernier près de 3 000 enseignants avaient signalé par lettre leur appartenance au mouvement.

Sur le site resistancepedagogique.org

Charte de la résistance pédagogique des enseignants du primaire

Les « réformes » structurelles et pédagogiques imposées par le ministère de l’Education Nationale ne permettent pas de construire une école équitable, humaine et respectueuse de tous les enfants. Elles conduisent à la déconstruction de l’école publique en vue de l’ouvrir au secteur marchand. Notre devoir est d’y résister.

En adhérant à la présente charte, je m’engage à agir dans le sens d’une éducation et d’un enseignement qui visent à :

1. respecter les droits de l’enfant tels que définis dans la Convention Internationale des Droits de l’Enfant, notamment le droit à une éducation de qualité pour tous, le droit à l’épanouissement et au développement harmonieux de l’enfant.

2. favoriser l’autonomie et la responsabilité de l’enfant, être doué de raison et de conscience.

3. contribuer à la construction de sa pensée par une pédagogie privilégiant la coopération et le raisonnement, plutôt que la compétition et la simple répétition d’automatismes.

4. apprendre à s’exprimer, lire, écrire, compter aux élèves en les mettant en situation de réflexion et d’échanges.

5. assumer une autorité éducative, opposée à l’autoritarisme, fondée sur le respect de la liberté de conscience, le respect mutuel et la légitimité de règles élaborées ensemble.

6. réaliser des évaluations constructives qui permettent de mesurer réellement les progrès des élèves et de favoriser l’estime d’eux-mêmes.

7. créer les conditions de coopération au sein de la communauté éducative (Enseignants-RASED-Parents...) et au sein de la classe qui aident chaque enfant à entrer dans les processus d’apprentissage et à surmonter ses difficultés.

8. promouvoir une réflexion sur l’aménagement du temps de vie de l’enfant à l’école qui respecte ses rythmes chrono-biologiques.

En signant cette Charte, j’entre en résistance en n’appliquant pas tout ou partie des dispositifs contraires aux valeurs de respect, de coopération et de progrès. Je revendique, en conscience, par loyauté envers le service public d’éducation, et au nom de la liberté pédagogique inscrite dans la loi, la possibilité de mettre en place toute alternative pédagogique dans l’intérêt des enfants.

Pour signer la charte