Réforme du bac : des « expérimentations » qui se veulent irréversibles

vendredi 15 mai 2009


La « réforme » du bac, mise en échec à l’automne par les enseignants et les élèves car avant tout dessinée pour une économie massive de moyens, a repris de façon souterraine :

 pour la galerie, Richard Descoings (directeur de Sciences Po Paris) organise une tournée - « consultation » qui évite soigneusement tous les représentants légitimes des acteurs du système.
Il doit présenter prochainement un rapport qui sera bien évidemment « positif », évitant tous les sujets conflictuels pour se centrer sur quelques mesurettes vendeuses.

 dans les coulisses s’organise la vraie « réforme », avec des expérimentations qui veulent installer des solutions sans retour possible ... et sans débat.

La situation est encore plus critique dans le privé sous contrat, lequel prévoit des expérimentations dans 200 à 250 établissements à la rentrée 2009 ... qui ne seront pas intégrées dans le programme national.

Expérimentation est donc ici un terme totalement abusif puisqu’il n’y aura aucune évaluation.

Par ailleurs, la cible de ces évaluations dans le privé est très explicite : il s’agit de faire éclater le temps et l’organisation du travail des enseignants, avec une annualisation du temps de travail, un découpage des heures au gré des desiderata des établissements ...

Nous diffusons ci-dessous un communiqué de Sud Education dont nous partageons l’analyse.

Communiqué Sud éducation du 13 mai 2009 : Expérimentation de la réforme du lycée à la rentrée 2009 : de qui se moque-t-on ?

Une liste de 123 établissements désignés par le ministère pour « expérimenter » des « segments » de la « réforme » du lycée dès la rentrée 2009 a été dévoilée dans la presse puis par le ministère, courant avril.
L’objectif du gouvernement est simple : comment adapter le système éducatif aux 80 000 suppressions de postes annoncées dans l’Education Nationale jusqu’en 2012 ?...

Bien sûr, il compte s’attaquer, chemin faisant, aux enseignements du lycée général et technologique, au statut des professeurs et au diplôme national que reste le bac, comme le montrait déjà la 1re mouture de sa réforme de la seconde … sans compter la réforme qu’il continue d’appliquer dans les lycées professionnels.

« Je ne serai pas le ministre de l’hésitation nationale » fanfaronnait Darcos en septembre avant de reporter sa réforme d’un an face au mouvement lycéen et à un début de mobilisation des enseignants.

La manipulation et la division comme méthode

Comme cela est devenu maintenant une habitude, pour contourner les résistances, Sarkozy a nommé un médiateur, en la personne de R. Descoings président de Sciences Po Paris, qui de visites de lycées en messages sur son blog, doit aménager la réforme et diviser les opposants pour faire passer, au bout du compte, ses objectifs fondamentaux… car qui peut croire à une nouvelle réforme à partir d’une pseudo consultation achevée en mai ?

Enfin, alors que les suppressions de postes restent inchangées, le ministère annonce qu’il va « expérimenter » sa réforme dès la rentrée 2009 dans une centaine de lycées pour lesquels il redéploie 500 postes soit 5 en moyenne par établissement ! Serait-ce un aveu du ministère qui reconnaît ainsi qu’on ne peut améliorer le système éducatif sans augmenter l’encadrement pédagogique qualifié ?

SUD Éducation ne veut entretenir aucune illusion et appelle à refuser la réforme Darcos et donc son expérimentation. C’est aussi sous couvert d’expérimentation que se sont mis en place les bacs pro en 3 ans à la rentrée 2008 et l’administration en tirait un bilan positif … au bout d’un mois et demi !

SUD Éducation appelle donc les personnels à se mobiliser aux cotés des collègues des lycées concernés et à tenir des AG réunissant ces établissements avant l’arrêt des cours.

Rappelons que la fédération SUD Éducation avait refusé, dès l’été 2008, de signer les « points de convergence » entre syndicats et ministère dont les artisans de la réforme Darcos ne cessent de se prévaloir.

Soyons sûrs que tout ce que nous ferons dans ce cadre officiel pourra être retenu contre nous...

Pour ces raisons, SUD Éducation se prononce pour :
 L’annulation de la contre réforme Darcos et donc de toute expérimentation de celle-ci.
 Le rétablissement des postes supprimés (25 000 depuis deux ans), l’arrêt des suppressions de postes, et la création des postes nécessaires au fonctionnement d’une école plus égalitaire.
 Une véritable transformation démocratique du lycée qui doit notamment s’appuyer sur des réductions d’effectifs par classe, des groupes réduits, du temps de concertation pour les équipes inclus dans les maxima de service … l’inverse des projets Darcos !