Inspection : comment se donner toutes les chances

jeudi 5 mars 2009


La venue dans la classe d’un inspecteur est souvent vécue comme un moment de stress par les enseignants, même expérimentés.

Comment préparer ce rendez-vous et organiser son cours pour mettre toutes les chances de son côté ?

Commentaires :
 dans le privé l’inspection est parfois surdramatisée car les contacts avec les inspecteurs sont moins nombreux,
 certaines de ces inspections sont directement sollicitées par des chefs d’établissement, qui voudraient « sanctionner » un enseignant.

Il est donc vital de sortir de ces situations malsaines et d’envisager l’inspection comme une évaluation en continuité avec une démarche plus large de professionnalisation.

Des contacts réguliers avec les inspecteurs, avec des collègues du public, des participations à des formations dans lesquelles interviennent les inspecteurs, tout cela peut contribuer à mieux gérer ces moments.

La venue dans la classe d’un inspecteur est souvent vécue comme un moment de stress par les enseignants, même expérimentés. Comment préparer ce rendez-vous et organiser son cours pour mettre toutes les chances de son côté ? Conseils pratiques...

« J’enseigne l’espagnol depuis une vingtaine d’années et, malgré tout, lorsque l’administration m’annonce que je vais être inspectée, je ne peux empêcher mon estomac de se nouer ! Et je peux ensuite y penser pratiquement sans arrêt pendant quinze jours. »

Professeur au lycée Jean Aicard, à Hyères, Maria Dussart n’est sans doute pas la seule à connaître ce genre de sensation. L’expérience aidant, elle a simplement appris à l’utiliser. « C’est un peu comme monter sur scène. Une fois que l’inspecteur est dans ma classe, j’essaie de ne ressentir que le côté stimulant du trac ».

Pas de changement brutal

Et comme pour les acteurs, la meilleure prévention contre l’angoisse paralysante, c’est encore le travail. « J’accorde plus de temps et de soin à la préparation de mes interventions, en planifiant notamment davantage les objectifs et les séquences. Et pour le jour de l’inspection, je choisis bien sûr un cours dans lequel je me sens à l’aise ».

Pour le reste, pas question d’innovation soudaine. « Cette séance s’inscrit dans une continuité, il n’est pas question d’en faire un cours complètement à part. Du reste, les élèves ne le comprendraient pas. »

Institutrice dans une classe de CE2-CM1 de l’école des Ferréols, à Digne, Myriam Egéa n’est pas non plus une adepte du bouleversement. « Je l’ai été au début de ma carrière, mais cela m’a passé. Le jour ma dernière inspection, j’avais prévu de corriger la dictée de la veille. L’inspecteur m’a donc vu corriger une dictée ! »

Des documents et des sites Internet existent pour aider à préparer ce rendez-vous. Mais aucune des deux enseignantes ne les utilise. « Cela me prendrait trop de temps », estime Maria. « J’ai pris l’habitude de construire les séquences moi-même, pour qu’elles correspondent à ma personnalité et à mes élèves. »

N’oublier personne

Rester soi-même semble donc la base d’une inspection réussie. Mais il est une autre règle à respecter : faire participer toute la classe. « Les élèves doivent être le plus actifs possible, il doit se passer quelque chose entre eux et moi. Et, même s’ils sont souvent un peu bloqués au début, ils finissent par être contents de participer devant l’inspecteur. »

Inutile, en tout cas, d’essayer de ne donner la parole qu’aux premiers de la classe : cela se révèlerait contreproductif. L’inspecteur est très sensible à ce que l’enseignant s’intéresse à tous les élèves. « Il faut donc, au contraire, aller chercher ceux qui ne parlent pas du tout, pratiquer l’apprentissage différencié et leur confier des tâches adaptées à leurs compétences : celui qui est un peu moins bon, je lui demande de répéter une phrase plutôt que de prendre la parole en improvisation ! »

Une préparation continue

A l’heure des conseils, Myriam en ajoute un : ne pas attendre d’être inspectée pour se mettre à jour des obligations administratives. « Nous sommes tenus de présenter notre cahier-journal, qui regroupe le contenu de toutes nos préparations quotidiennes, des fiches de préparation pour les séances détaillées et le registre d’appel.

L’emploi du temps doit être affiché dans la classe, avec la répartition du programme sur les cinq périodes de l’année et la pyramide des âges des enfants de la classe. Si tous ces documents ne sont pas tenus au jour le jour, cela risque d’imposer un gros travail juste avant l’inspection ! »

L’inspecteur regarde aussi les documents, classeurs ou cahiers des élèves, s’attachant à leur tenue, à l’écriture, au soin... et à l’application des programmes. Autant dire que sa venue, si elle constitue un événement, se prépare toute l’année !

Patrick Lallemant, site VousNousIls