Le stress des enseignants et quelques pistes de réflexions

lundi 16 février 2009


Les profs craquent, voilà ce que nous laisse à voir sans cesse l’actualité.

Des enseignants agressés dans leur classe à coups de couteau, deux suicides depuis la rentrée 2008…, de tels incidents dramatiques hautement médiatisés sont en fait la pointe émergée – et extrême – d’un iceberg fait de souffrances plus ordinaires, le tout dessinant un réel malaise de la profession, et ceci dans de nombreux pays du monde.

À chaque rentrée, dans des essais et des témoignages maniant l’ironie ou la colère, de jeunes profs désespérés annoncent qu’ils jettent l’éponge …

Nombre de sites, blogs et forums sont alimentés par les réflexions de ceux qui découvrent les difficultés d’un métier considéré aujourd’hui à haut risque, ou devenu pour certains « mission impossible ».

Ci-dessous un dossier du mensuel Sciences Humaines, qui fait le tour de la question et propose des pistes de réflexion.

 Manque de reconnaissance et culpabilité

En France, 67 % des enseignants estiment que le stress au travail est plus important dans leur métier que dans d’autres (enquête effectuée pour le Snes, 2002).

Une étude épidémiologique de la MGEN (Mutuelle générale de l’Éducation nationale) montrait, en 2001, que les enseignants souffraient significativement d’affections spécifiques : insomnies, migraines, zonas, affections des voies respiratoires… sans être toutefois davantage atteints par la dépression que les autres professions.

35 % jugent leur santé moyenne à mauvaise (44 % dans le second degré) précise l’étude sur la qualité de vie des enseignants (2004) de José Mario Horenstein, médecin psychiatre de la MGEN.

Et pour couronner l’ensemble, d’après un sondage du CSA (mars 2008), 93 % des enseignants – davantage dans le secondaire que dans le primaire – jugent leur profession dévalorisée et près de la moitié désirerait changer de métier (tout en restant au sein de la fonction publique).

En somme, le « malaise au travail » observé aujourd’hui dans de nombreuses professions, fait de déprises et de déprimes, de burnout*, d’épuisement physique et moral, n’épargne pas les enseignants et prend pour eux des caractéristiques bien spécifiques.

Le paradoxe est que la pénibilité du métier semble niée par la société qui considère souvent que les profs ont des conditions de travail privilégiées (vacances, horaires) alors qu’une méconnaissance de la réalité quotidienne des classes rend difficile la reconnaissance de la complexité de leurs tâches.

C’est ce que constatent Laurence Janot-Bergugnat et Nicole Rascle en estimant que les enseignants sont pris dans une injonction contradictoire : « On dévalorise leur rôle en même temps qu’on leur en demande toujours plus. »

Ce manque de reconnaissance est source de culpabilité chez les enseignants. Se sentant peu soutenus par la société, soupçonnés d’être responsables des problèmes de l’école, ils doivent en outre aujourd’hui affronter une pluralité d’exigences, venues des changements sociaux et des transformations de l’institution.

91 % des enseignants du secondaire ont un sentiment de malaise
 66 % invoquent la non-prise en compte des difficultés du métier ;
 58 % la dégradation de leur image dans la société ;
 46 % le sentiment d’impuissance face à l’idéal de réussite de tous les élèves.

Source : « Portrait des enseignants de collèges et lycées. Interrogation de 1 000 enseignants du second degré en mai-juin 2004 », disponible sur www.education.gouv.fr

 L’accumulation des missions

« Dans la classe, je suis comme le personnage de certains dessins animés de Tex Avery… Partout à la fois, je cours de l’un à l’autre, j’ai l’impression de me démultiplier par dix au moins… Alors, je me rétrécis, je me ratatine, je me sens vidée …

Et pourtant il faudra bien que demain je motive, je rassure ces chers petits qui arriveront avec leurs problèmes sociaux, scolaires, psychologiques, affectifs (…).

Et puis, un matin, mon réveil a sonné et je n’ai pas pu me lever. Il m’était tout à fait impossible d’envisager l’idée de retourner dans la classe… C’est comme si mon corps refusait brusquement d’obéir à mon cerveau… Mes muscles étaient devenus si lourds que lever le bras me semblait impossible. »

La spirale de l’épuisement est aujourd’hui bien étudiée par les psychologues. Les paroles de nombreux profs évoquent « l’enfer », « la galère », « le bazar » pour décrire la dureté de leur expérience professionnelle. Certains évoquent une entrée dans « l’arène » ou dans « la fosse aux lions » pour décrire une salle de cours en zone sensible.

Comment en est-on arrivé là ?

Depuis une trentaine d’années, les évolutions de la société ont contraint les enseignants à transformer leurs pratiques. Les élèves ont changé et ont acquis un droit d’expression parfois difficile à gérer : les profs doivent faire face à ces petites incivilités ou plus grandes violences qui sont entrées dans les murs de l’école, éduquer à la citoyenneté, à la démocratie, au respect d’autrui.

Des élèves qui s’interpellent à haute voix, d’autres qui se cachent à peine pour jouer avec leur portable, d’autres encore qui viennent accaparer l’attention du prof pour protester sur une note estimée injuste …

Comme l’explique le sociologue François Dubet, il est parfois plus long – sur une heure de cours – de créer les conditions de faire la classe que de réellement enseigner. D’autant qu’obtenir le calme et la concentration ressort d’une alchimie fragile qui peut basculer à tout instant…

Des exigences sans cesse accrues

Il faut prendre en compte aussi la variété des publics, la diversité des cultures, la connaissance des religions et des modes de socialisation familiale.

Sans compter que, dans une société où l’échec scolaire est considéré comme une grave injustice, les profs se doivent d’obtenir de meilleurs résultats avec des élèves dont le niveau, les capacités, les goûts sont de plus en plus hétérogènes.

Depuis la loi d’orientation de 1989, les réformes se sont superposées en fixant comme objectifs la réussite de tous et une pédagogie adaptée à chacun. À l’école comme au collège, les enseignants doivent effectuer des actions de soutien et de « remédiation » en étant attentifs aux difficultés individuelles.

Et depuis la loi handicap de 2005, les enfants handicapés sont aujourd’hui présents dans les classes, ce qui peut nécessiter des remaniements importants dans la préparation et la conduite des cours.

À ces nouvelles missions sont venues s’ajouter des exigences professionnelles de la part d’une institution en pleine transformation.
Comme l’a montré par exemple la sociologue Agnès Van Zanten, la décentralisation du système a mis les établissements scolaires en concurrence.

Le nouveau management qui s’est introduit dans l’Éducation nationale – à l’instar de toutes les organisations – demande à chacun une démarche d’analyse et d’évaluations diverses et variées (niveaux CM2-6e, résultats au brevet et au bac…), ainsi que la réalisation de projets d’école et d’établissement.

À la gestion de la classe au quotidien, aux corrections et à la préparation des cours, au suivi individualisé des élèves, viennent s’ajouter les livrets d’évaluation annuels imposés par le ministère, la tenue de nombreuses réunions avec les collègues et les autres personnels de l’éducation (santé, orientation, etc.).

Il leur faut aussi répondre aux demandes de plus en plus exigeantes de familles elles aussi stressées et inquiètes du destin scolaire de leur progéniture et souvent suspicieuses vis-à-vis de l’école. Loin de l’attitude réservée qui était la règle lorsque l’école était considérée comme un sanctuaire quasiment impénétrable, les parents exigent aujourd’hui des comptes, demandent des explications sur les devoirs ou le suivi des programmes…

En résumé, les enseignants doivent faire face à de nouvelles exigences de polyvalence, de polycompétence, de participation aux équipes pédagogiques et au travail collectif, de satisfaction aussi de leurs usagers que sont les élèves en manifestant une réflexivité qui leur permettant de s’adapter à des demandes sans cesse nouvelles.

« L’enseignant se trouve dans un plateau de jeux tous différents, des scènes mouvantes, des répertoires musicaux et théâtraux extrêmement variés… C’est la variété de ces rôles qui peut user le professeur ou une équipe d’enseignants parce qu’il faut en permanence ajuster les pratiques, se remettre en question, être flexible, inventer de nouvelles réponses aux défis de l’école… », en concluent Laurence Janot-Bergugnat et Nicole Rascle.

Qui est le-la plus stressé(e) ?

 Les femmes seraient plus atteintes que les hommes (1/3 de plus).
 L’âge n’interviendrait que pour 2 % dans les tensions physiques et psychiques.
 La vulnérabilité est plus grande chez les enseignants débutants, qui ont tendance à dépersonnaliser la relation avec les élèves pour se défendre des agressions et des contraintes du métier.
 Plus les enseignants ont un style d’ajustement passif, orienté sur la détresse émotionnelle et le discours de la plainte, plus ils expriment un sentiment d’usure et de souffrance au travail.
 Ceux qui adoptent un mode de résolution active du stress, orienté sur la résolution de problème, ont un accomplissement personnel plus élevé.
 Le principal facteur de protection contre le stress est la bonne qualité des relations avec les collègues de travail. Les enseignants qui estiment que l’ambiance est bonne dans leur établissement se disent généralement peu stressés ; ceux qui jugent l’ambiance mauvaise se plaignent du stress. Donc, les mêmes conditions de travail sont ressenties ou non comme stressantes selon que l’on s’entend mal ou bien avec ses collègues.

 Entre passion et désir de fuite

« Par où commencer ?

Par l’air appliqué d’un élève qui écrit sur sa feuille, son stylo Bic orné d’une plume rose s’agitant au gré de la formation des lettres ?

Par un gros crachat irisé sur le sol qui brille au soleil ?

Par une copie écrite par un élève qui, il y a quatre ans, ne parlait pas le français ?

Par un élève illettré qui ne sait pas où commencent et où finissent les mots ?

Par un jeune homme de quatorze ans qui se fait démolir le genou par un sixième ?

Par l’impatience de retrouver une classe ?

Par la peur d’en retrouver une autre ? »

Pour Mara Goyet, « enseigner est un combat » et cela ne la dérange pas une seconde, affirme-t-elle. Après dix ans passés dans un collège zep de Seine-Saint-Denis, cette jeune professeure a cependant demandé sa mutation : elle aura droit, grâce aux points accumulés, à un établissement « de centre-ville » beaucoup plus tranquille …

Non sans culpabilité d’ailleurs : elle perçoit sa démarche comme une abdication, voire une trahison vis-à-vis de son collège d’origine.

Nombreux sont les enseignants (jeunes ou moins jeunes) qui, tout en se disant passionnés par leur métier, cherchent à trouver une voie parallèle, une échappatoire pour ne plus se retrouver confrontés à des classes d’élèves au quotidien : conseil pédagogique, décharge syndicale ou administrative, reconversion en psychologue scolaire …

D’autres choisissent de divorcer plus radicalement avec la profession.
Les enquêtes récentes montrent d’ailleurs que les jeunes enseignants aiment leur métier mais n’envisagent pas de l’exercer toute leur vie…
Sage résolution pour éviter l’usure ?

Les agents stressants

L’intensité et la surcharge de travail. En cours, il faut répondre, écouter, se déplacer, écrire, maintenir l’ordre, gérer la dynamique de groupe.

À la maison, corrections, préparations de cours sans cesse actualisés…

Le conflit de rôles « éduquer et instruire », par exemple.

Le manque de reconnaissance de la part d’une société prompte à tenir l’école responsable de ses dysfonctionnements.

Le manque d’appétence des élèves pour nombre d’apprentissages.

Le climat des classes.

L’inadéquation de la formation.

Liste dressée à partir d’une synthèse d’études internationales
(Laurence Janot-Bergugnat et Nicole Rascle, Le Stress des enseignants, Armand Colin, 2008)

Comment l’affronter ?

Pour Françoise Lantheaume et Christophe Hélou, l’école et ses professionnels seraient aujourd’hui confrontés à « une période de redéfinition des repères et d’adaptation à des univers sociaux en perpétuel changement ».
Dans leur enquête, ces deux sociologues décrivent trois postures du métier : la prise, l’emprise et la déprise.

En situation de prise, le plaisir de faire un métier que l’on aime domine : un cours bien réussi par exemple, « qui a marché », donne une sensation jubilatoire de maîtrise de la situation.

Mais la multiplicité et l’enchevêtrement des tâches, la difficulté à toutes les gérer de manière satisfaisante peut engendrer l’emprise, sentiment d’être submergé par les sollicitations et la diversité des registres d’action, où l’enseignant se sent débordé.

C’est alors un mécanisme de déprise qui s’enclenche, se traduisant par un désengagement, le désir « d’aller voir ailleurs » résultant d’un sentiment d’impuissance, produisant doute, incertitude, tout en diminuant la satisfaction au travail.

De leur côté, Agnès Van Zanten et Patrick Rayou se sont penchés sur les nouvelles générations d’enseignants. Ils distinguent les « survivants », vivant difficilement leurs premiers pas dans le métier et animés d’un fort désir de démission, les « raisonnés » qui engrangent les points pour pouvoir accéder un jour à un établissement de leur choix, et les « motivés » qui s’engagent fortement dans des actions pédagogiques dès leur première année d’exercice.

Les Enseignants entre plaisir et souffrance, tel est le titre d’un ouvrage de Claudine Blanchard-Laville dans lequel cette psychologue de l’éducation soulignait que la souffrance occasionnée par le sentiment d’échec ou d’insatisfaction est d’autant plus forte que ce métier « qui expose fortement au niveau relationnel » peut aussi procurer des plaisirs intenses.

Dans toutes les enquêtes en effet, les enseignants avancent comme motivation première de leur choix « le plaisir de transmettre » et « le contact avec les jeunes ». Si certains réussissent à maintenir ces affects positifs au premier plan, nombreux sont les jeunes professeurs qui, ne bénéficiant pas de l’expérience des plus anciens, sont submergés par l’emprise et la déprise.

D’autant que les difficultés que l’on rencontre face à ses classes sont difficilement avouables. Faire état de problèmes de discipline ou de difficultés pédagogiques est un sujet tabou dans nombre d’établissements où les enseignants en difficulté sont souvent mis à l’index.

Peur du jugement de la hiérarchie ou des collègues : « Le silence est une sorte de grigri pour conjurer un mal qui pourrait contaminer. »
Comme l’explique Anne Barrère, la sociabilité entre collègues, lorsqu’elle existe, se fait dans un « entre soi amical et affectif » où l’on évite les conversations d’ordre professionnel.

Une tradition très ancrée dans l’éducation et réaffirmée dans les textes les plus récents garantit à l’enseignant sa liberté pédagogique et son autonomie.

Mais les temps ont changé : l’enseignant seul maître à bord, enfermé avec ses élèves dans ce qu’Éric Debarbieux, directeur de l’Observatoire européen de la violence à l’école, appelle la « classe-bocal » ou la « classe-utérus », est peut-être autonome, mais se trouve aussi seul pour faire face aux situations délicates que peuvent engendrer les relations maître-élèves.

Et aujourd’hui, l’autonomie qui était considérée comme un pilier du métier pourrait bien se transformer en piège.

Des méthodes protectrices

La plupart des analyses récentes soulignent le rôle important de l’action collective pour affronter les nouveaux défis d’une profession en pleine mutation.

Dans leur ouvrage sur le stress des enseignants, Laurence Janot-Bergugnat et Nicole Rascle dressent une liste des « modes de travail protecteurs » à partir de plusieurs enquêtes réalisées en France, en Belgique, dans les pays anglo-saxons et nordiques.

Le travail en équipe qui permet de libérer la parole, partager les expériences, se passer les cours lorsqu’ils se sont montrés efficaces, s’échanger les petits « trucs qui marchent », la solidarité et la construction d’une culture commune permettent de mieux résoudre les problèmes de violences, d’améliorer le climat scolaire et par là même le bien-être et l’efficacité des enseignants.

Un management protecteur (écoute accordée aux personnels, soutien actif et empathique du chef d’établissement par exemple) est aussi un facteur essentiel de réduction des risques, tout comme le dialogue et la coopération avec les familles.

Reste que ces nouvelles formes de professionnalisation sont encore, en France, loin d’être la règle. Elles nécessitent un changement radical dans les représentations du métier d’enseignant qui devrait être accompagné de tout un ensemble de transformations du système et d’une formation adéquate qui fait toujours défaut pour les jeunes aspirants. À ce sujet, la récente annonce de la suppression des IUFM dessine un vaste point d’interrogation pour l’avenir de cette profession …

 Quatre stratégies d’ajustement

Le coping est une notion élaborée par Richard S. Lazarus et Susan Folkman (1984). Elle désigne les stratégies d’ajustement cognitives et comportementales pour faire face à des situations stressantes.

Quatre stratégies sont généralement identifiées dans les études sur les enseignants :

La centration sur le problème

Cette stratégie consiste à analyser le plus objectivement possible les difficultés, rationaliser les situations, rechercher des solutions de résolution des conflits, tout en contrôlant ses émotions, en pensant aux aspects positifs du métier, et en encourageant positivement les élèves. _ Cette attitude – la plus fréquemment rencontrée – garantit une bonne estime de soi et un sentiment de satisfaction professionnelle.

L’expression des émotions

Ce type de comportement s’exprime le plus souvent par l’évitement : ignorer les difficultés, éviter les collègues, « fuir » chez soi pour oublier, se consacrer à des activités autres auxquelles on donne priorité.
Cette stratégie s’observe davantage chez les hommes que chez les femmes. Elle peut accentuer les risques de burnout *, et se traduit par des attitudes cyniques ou agressives vis-à-vis des élèves et des collègues.

Le besoin de communiquer

Ce style d’ajustement consiste à rechercher par la parole le partage des émotions avec ses collègues. Cette démarche – souvent sur le registre de la plainte – se distingue toutefois d’une véritable recherche de soutien efficace.
Adoptée majoritairement par les femmes, elle ne constitue pas, selon les psychologues, une protection efficace contre le burnout *.

Le recours à un style traditionnel

Cette stratégie est spécifique à la profession enseignante – et plus particulièrement aux nouveaux arrivants. Elle a été repérée dans plusieurs études (Allemagne, Nouvelle-Zélande, France).
Lorsqu’ils se sentent débordés et ne trouvent pas de réponse appropriée, certains enseignants se réfugient dans une attitude autoritaire (crier, instaurer la terreur…) et tentent de se protéger en imposant des conditions strictes qui leur permettent « d’avoir la paix ».
C’est en quelque sorte une stratégie de survie qui peut cependant rapidement mener à l’épuisement.

* Le burnout

Ce terme, utilisé depuis les années 1980 dans le management et en psychologie du travail, désigne un changement dans les attitudes professionnelles – désengagement, perte des compétences empathiques et de la confiance en soi – en réaction à des conditions de travail trop stressantes. D’abord observé dans les professions d’aide, de soin et de relation, ce syndrome se repère aujourd’hui dans toutes les professions.

Flora Yassine, Sciences Humaines