Santé 3 : comment se protéger en cas de maladies contagieuses ?

mardi 19 août 2008


Grippe, gastro-entérite, varicelle… Les enseignants sont en prise directe avec les maladies infectieuses qui sévissent dans les classes.

Comment éviter la contagion ? Les conseils du docteur Thierry Blanchon, spécialiste en santé publique et chargé de mission (1) au sein du réseau de veille épidémiologique Sentinelles (2) de l’Inserm (3).

Les enseignants, au regard de leur exposition fréquente aux maladies contagieuses, constituent-ils une population à risques ?

C’est certain. Les épidémies hivernales (grippe, gastro-entérite…) sont très contagieuses et sont largement propagées par les enfants en raison de leur mode de transmission très simple : le portage au niveau des mains.

Le contact direct avec les mains des enfants (particulièrement fréquent en maternelle), la circulation des stylos, des cahiers et autres objets de la classe susceptibles de véhiculer les virus surexposent les enseignants à ces maladies-là.

Il en est de même concernant les maladies virales ORL hivernales (rhumes, bronchites…) qui se transmettent par voie aérienne et dont la propagation est favorisée par le contexte de travail dans les classes.

Précisément, quelles mesures d’hygiène doivent-ils observer pour se protéger et limiter la contagion ?

Les bons réflexes, rappelés régulièrement dans les campagnes de prévention de l’Inpes (4), concernent tout autant les enseignants que les élèves. Le geste le plus efficace au quotidien reste le lavage des mains. Se savonner les mains et se les sécher correctement, plusieurs fois par jour, notamment en sortant des toilettes, est la meilleure façon pour se protéger et limiter les phénomènes de contagion.

Certaines écoles mettent à disposition des solutions hydro-alcooliques, permettant un « lavage sec ». Le cas échéant, on peut toujours avec soi un flacon de poche…

Il est également important de veiller à ce que seuls des mouchoirs jetables soient utilisés en classe. Et de faire la chasse aux mouchoirs souillés sur les bureaux.

Dernier geste, plus compliqué à adopter, en particulier pour un enseignant, mais imparable notamment en cas de pandémie : porter un masque hygiénique. C’est le seul moyen pour éviter les projections et se protéger de celles des autres. Il reste malheureusement encore marginal en France.

Les enseignants sont-ils concernés par toutes les campagnes de vaccination ?

D’une manière générale (5), les enseignants ne font pas partie des populations visées par les campagnes de vaccination contre la grippe. Ils ne sont pas davantage concernés par le vaccin contre la gastro-entérite (6).

Concernant les oreillons, rares sont les enseignants de la génération actuelle qui n’ont pas été vaccinés pendant leur enfance. Et l’immunisation quasi systématique des élèves tend à faire disparaître cette maladie des écoles.

Par contre, il est recommandé à ceux qui n’ont pas encore contracté la varicelle (6) de se faire vacciner contre cette infection qui, lorsqu’elle survient chez un adulte, s’accompagne d’une fatigue très importante voire de complications (atteintes pulmonaires) nécessitant alors une hospitalisation.

Il faut également alerter les adultes sur les dangers de la coqueluche. Pas tant pour eux-mêmes, ni pour les élèves (tous vaccinés), mais pour les nouveau-nés pour qui elle peut s’avérer fatale. Ainsi, depuis 2004, il est fortement conseillé aux enseignants de demander une injection de rappel à leur médecin.

Du fait de cette surexposition aux virus infectieux, les enseignants développent-ils, par effet rebond, une sensibilité particulière ?

Non. C’est même le phénomène inverse qui se produit. Bien souvent, les premières années, les enseignants ont l’impression d’être malades « tout le temps ». En fait, progressivement, au fur et à mesure qu’ils rencontrent des virus différents (leur nature variant d’une année sur l’autre), leurs organismes développent des défenses immunitaires plus nombreuses. Ils deviennent plus résistants. Le principe étant que plus on rencontre de germes infectieux, plus on se défend.

Propos recueillis par Marie-Laure Maisonneuve, VousNousIls

(1) Thierry Blanchon est chargé de la surveillance continue et de la régionalisation
(2) Sentinelle est un réseau de 1260 médecins généralistes libéraux bénévoles et volontaires répartis sur le territoire métropolitain français. Son but est la surveillance de 14 indicateurs de santé, tels que la grippe, la rougeole ou les oreillons.
(3) Institut national de la santé et de la recherche médicale.
(4) Institut national de prévention et d’éducation pour la santé.
(5) Dans la mesure où il s’agit d’adultes bien portants ne souffrant pas de maladie immunodépressive.
(6) Destiné aux nourrissons entre 4 et 13 semaines.
(7) Dans 90% des cas, la varicelle est contractée avant l’âge de 15 ans.

Et pour ne pas communiquer ses microbes aux élèves ?

Les recommandations sont exactement les mêmes à ceci près que l’on attend des adultes qu’ils soient encore plus irréprochables quant à leur hygiène ! Se laver les mains, limiter les contacts, veiller à ses mouchoirs… et profiter de la situation pour renforcer les messages de prévention dans la classe. Si l’enseignant est malade, il n’est sans doute pas le seul !