1er degré : la circulaire de rentrée 2019

samedi 24 août 2019


Le ministre Blanquer continue de mettre au pas les professeurs des écoles...

La circulaire de rentrée publiée au BO ce mercredi 29 concerne uniquement l’école primaire (note de service n° 2019-087 du 28-5-2019).

Elle poursuit le matraquage en décrivant que la priorité est lire, écrire et compter. Elle s’accompagne de nouvelles « recommandations » et indications fortes de pratiques pédagogiques notamment pour l’école maternelle qui fait l’objet de trois nouveaux guides sur le langage, la découverte des nombres et les langues vivantes étrangères. D’autres guides en primaire seront publiés ultérieurement.

Pour la rentrée, une circulaire bien détaillée et stricte

Sans surprise, la circulaire reprend les éléments importants de la politique en cours au ministère : dédoublement des classes de CP, pilotage académique, instruction obligatoire à 3 ans, et consacre encore une fois la priorité nationale à l’enseignement des « fondamentaux » qui se résument aux seuls « Lire, écrire, compter et respecter autrui ». La rédaction finale de la circulaire a finalement concédé un chapitre pour « Cultiver le plaisir d’être ensemble » et un paragraphe pour développer l’éducation artistique et culturelle qui se trouve résumé à l’instauration de chorale partout et à la promotion de la lecture et du livre par la fréquentation des bibliothèques.
Le SUNDEP Solidaires s’étonne toujours des trouvailles des ministres qui passent et qui préconisent « les fondamentaux » alors que cela est bien le cœur de notre métier et de notre formation initiale : les professeurs des écoles ne feraient-ils pas lire, écrire, et compter leurs élèves ? Les professeurs n’y auraient-ils peut-être pas pensés de faire lire, écrire et compter les élèves ! Quelle bonne idée !
D’autre part, le Sundep Solidaires pose la question au ministre si le seul objectif de faire apprendre « les fondamentaux du lire, écrire et compter » va permettre de réduire les inégalités sociales et culturelles alors qu’elles ne font que s’aggraver. Lire le rapport des inégalités, édition 2019.
https://www.inegalites.fr/L-essentiel-des-inegalites-d-education?id_theme=17

La maternelle chamboulée

L’école maternelle est la principale cible de la circulaire. Une maternelle particulièrement revisitée, bien loin des programmes de 2015 qui avaient pourtant recueilli l’unanimité de la communauté éducative lors de leur passage devant le Conseil Supérieur de l’Education (C.S.E).
Dès la petite section, l’accent est mis sur l’apprentissage de mots et l’entraînement à la phonologie avec des recommandations pédagogiques particulièrement précises avec la proposition de trois guides d’accompagnements joints à la circulaire. On y trouve une entrée précoce dans des apprentissages normatifs et évalués.
Cependant, ces préconisations vont à l’encontre de ce que nous expliquent les chercheurs et notamment Mireille Brigaudiot , maître de conférences en sciences du langage. Elle finit par nous expliquer que les programmes étant publié par un arrêté, sont à appliquer par les professeurs des écoles plutôt qu’une note de service (circulaire de rentrée) qui vient en contradiction avec les programmes de 2015, et qui plus est, un « texte hybride ».

Un long chapitre II dédié aux fondamentaux

Un chapitre entier consacré à l’apprentissage des « fondamentaux » essaye de justifier l’intérêt des évaluations CP et CE1 alors qu’elles sont largement condamnées à la fois par la profession mais également récemment par un éminent chercheur , R. Goigoux qui a démonté la logique des services de communication du ministère dans son texte « Faire mentir les chiffres » de R. Goigoux 10 mai 2019-à lire ci-dessous.
Lire aussi sur le site du Nouvel Obs : https://www.nouvelobs.com/education/20190523.OBS13352/roland-goigoux-jean-michel-blanquer-fait-mentir-les-chiffres.html

La mise au pas des pratiques pédagogiques : du pilotage au formatage…

Un chapitre entier est également dévolu au « pilotage en soutien de l’action pédagogique des professeurs », car dit le texte « La mise en œuvre des recommandations pédagogiques et des évaluations nationales nécessite d’accorder une attention toute particulière à l’accompagnement des professeurs, au plus près de leur pratique, afin de répondre à leurs besoins de formation ». Or aujourd’hui les professeurs savent bien que de la bienveillance, nous sommes passés aux injonctions des journées pédagogiques qui porteront uniquement sur les mathématiques et le français. Nous sommes loin d’une formation continue prenant en compte les besoins et les demandes des professionnels de terrain.