Rentrée 2017 : un tour d’horizon

mercredi 30 août 2017


Des décrets sont sortis pendant l’été....sur les rythmes scolaires (encore), l’organisation des classes de CP en REP+, les salaires, l’enseignement spécialisé, et quelques polémiques croustillantes et inutiles que notre ministre de l’éducation nationale veut réactiver sur le dos des enseignants, telles que la question des méthodes de lecture.

CP à 12 élèves

Nous l’avions déjà évoqué dans un précédent article, la mesure phare du président Macron pourrait amener à résorber les inégalités des droits (plutôt que des chances) des élèves qui entrent au CP selon un point de vue géographique.
Il faut constater que ce sera à moyens constants sans davantage de postes dans les écoles, au détriment du dispositif qui faisait ses preuves « plus de maîtres que de classes ». On aura pu entendre la petite phrase du président, cet été, affirmer que la France ne peut pas être réformée....no comment !
Recentrer l’apprentissage de la lecture sur l’année de CP s’oppose à la notion de cycle et à la progressivité des apprentissages pourtant réaffirmées dans les nouveaux programmes 2015.
Et que feront les élèves des autres écoles qui eux aussi sont socialement défavorisés et scolarisés en REP ou en classes ordinaires ?
Parce que les classes seront toujours surchargées surtout en CP et ne bénéficieront pas des maitre-sses spécialisé-es dont les postes ont été en partie supprimés depuis 2008 (RASED).

Le ministre remet sur le tapis le débat des méthodes de lecture, est-ce utile ou bien cherche t-il a faire parler de lui ?
Le ministre semble favorable à l’utilisation de la méthode syllabique pour l’apprentissage de la lecture en CP...En revenant sur l’efficacité de la méthode actuelle, dite globale, « qui a eu des résultats tout sauf probants », le ministre de l’Éducation Jean-Michel Blanquer divise les foules. Il ajoute « pour la lecture, on s’appuiera sur les découvertes des neurosciences, donc sur une pédagogie explicite, de type syllabique », a continué le ministre.
Pour le moment, aucune directive n’a été lancée dans les centres de formations ou les écoles, laissant les enseignants avec leurs hypothèses.

Le SUNDEP Solidaires demande surtout que la liberté pédagogique soit respectée et que les enseignants, dont c’est le métier, puissent exercer sereinement dans leur classe.
Faisons d’abord confiance aux enseignants, M. le Ministre puisque vous proposez de travailler dans la confiance !

enseignement spécialisé : SEGPA, ULIS, EREA

La mise en place , dès septembre 2017, du CAPPEI (Certificat d’aptitude professionnelle aux pratiques de l’éducation inclusive) remplace le CAPA-SH (1er degré) et le 2CA-SH (2nd degré). Cette nouvelle certification, désormais commune aux enseignants du premier et du second degré, a plusieurs objectifs :
 attester la qualification professionnelle des enseignants pour l’accompagnement des élèves à besoins éducatifs particuliers,
 développer une école inclusive,
 reconnaitre les contractuels CDI en segpa par exemple.

Le décret du 12 février 2017 définit le CAPPEI et l’arrêté du 10 février 2017 présente l’organisation de l’examen la formation professionnelle spécialisée.

Le SUNDEP Solidaires dénonce la réduction du nombre d’heures de formation pour cette nouvelle certification (les options ont disparu- des modules avec un tronc commun de 144 heures, deux modules d’approfondissement de 104 heures, un module de professionnalisation de 52 heures) au lieu de 450h pour le CAPA-SH.

Nous demandons que la formation soit ouverte à tous les enseignants et surtout aux enseignants non formés qui sont en poste. Nous déplorons une fois encore la baisse d’ambition pour l’école et en particulier pour ses élèves les plus fragiles.
Dans une société ultra-compétitive qui stigmatise « les pauvres », relègue à sa marge les moins adaptés, les moins “utiles”, faire une place aux enfants handicapés sur les bancs de l’école n’est pas une évidence. On ne peut faire croire que la place d’une personne handicapée dans notre société ne dépend que du regard qu’on porte sur elle. Nous avons besoin d’enseignants spécialisés formés et bien formés pour porter l’inclusion. Nous déplorons la disparition des options, volonté de faire disparaitre une vision analytique et l’accaparement des lobbies comportementalistes concernant la prise en charge des enfants « dys » ou autistes...le marché économique est juteux et se fait sur le dos des parents !

ISAE pour les enseignants en SEGPA et ULIS,

Un décret voté, in extrémis, juste avant le départ du gouvernement Hollande, accorde le bénéfice de l’indemnité de suivi et accompagnement des élèves ( ISAE) aux enseignants du 1er degré exerçant en SEGPA et ULIS.
N’est ce pas la principale mission de ces enseignants que de suivre et d’accompagner ses élèves en grave difficulté et/ou handicap ?
Cf. Décret no 2017-967 du 10 mai 2017 modifiant le décret no 2013-790 du 30 août 2013 instituant une indemnité de suivi et d’accompagnement des élèves au bénéfice des personnels enseignants du premier degré

Quid des heures de coordinations et de synthèses

Par un tour de passe -passe, l’ancien ministère de l’éducation a fait paraitre également un décret pour payer les heures de coordinations et de synthèses des enseignants spécialisés.
Voilà encore une lutte de longue haleine.
Pourtant le compte n’y ait pas. Le ministère a tout simplement supprimé l’indemnité de fonction particulière des enseignants en SEGPA et ULIS du 2nd degré et en a créé une nouvelle en ajoutant une moyenne des heures de coordinations et de synthèses. Les enseignants vont perdre en moyenne 400€
Son montant est fixé à 1765 € soit 147,08€/mois. le versement est mensuel.
cf.Décret n° 2017-964 du 10 mai 2017 et arrêté du arrêté du 10 mai 2017

Référents TICE et handicap

Les référents Tice et handicap du 1er degré bénéficient d’une indemnité de mission dont le montant annuel va de 1250 à 2500 €.
Cf. décret no 2017-966 du 10 mai 2017 portant attribution d’une indemnité de fonction particulière à certains personnels enseignants du second degré,

Des nouvelles grilles de salaires

Au 1er septembre 2017, les enseignantes et les enseignants des écoles en classe normale bénéficieront d’un reclassement dans de nouvelles grilles avec une durée d’échelon réduite. Une mesure qui permettra à une partie des personnels des promotions plus rapides.

Hors-classe

Une carrière complète devra dorénavant se dérouler au minimum sur deux grades (classe normale et hors-classe). Pour l’instant, les arbitrages ne sont pas rendus sur les éléments du barème permettant, pour les promotions 2018, de garantir à tous l’accès à cette hors-classe. Le SUNDEP Solidaires revendique que tous les enseignants aujourd’hui en fin de carrière puisse accéder à la hors-classe avant leur départ en retraite.

Rendez-vous de carrière

Exit l’inspection plus ou moins régulière et sa note pédagogique : place aux rendez-vous de carrière. Une nouvelle procédure d’évaluation organisée au moment des passages aux 7e et 9e échelons de la classe normale ainsi qu’à la hors-classe et à la classe exceptionnelle. Ce rendez-vous de carrière est composé d’une visite en classe cadrée par un guide harmonisé sur tout le territoire, d’un entretien, d’un compte-rendu et d’une appréciation finale émise par l’IA-DASEN s’appuyant sur l’avis de l’IEN.
A ce jour, le SUNDEP Solidaires réclame toujours que les enseignants soient informés sur cette nouvelle formule d’inspection, le protocole, mais c’est à l’étude dans les rectorats.

Dans le 2nd degré,
Au collège, Aménager la réforme du collège, on détricote !

Dès la rentrée 2017, retour pour les collèges qui le souhaitent, des enseignements facultatifs en langues et cultures de l’Antiquité, langues et cultures européennes et langues et cultures régionales, ils peuvent également, proposer une deuxième langue vivante étrangère en classe de sixième, ce qui permet de rétablir les classes bilangues.

En ce qui concerne les EPI :

ils sont désormais ouverts dès la 6e et les 8 thématiques précédemment fixées disparaissent.
Les 4 heures hebdomadaires d’enseignement complémentaires peuvent être attribuées :
 soit aux EPI,
 soit à l’accompagnement personnalisé,
 soit aux deux.
Seul impératif : un élève doit avoir suivi au moins un EPI sur l’ensemble de sa scolarité au collège et avoir bénéficié d’un accompagnement personnalisé au cours du cycle 4.

Cf. arrêté du 16 juin 2017 modifiant l’arrêté du 19 mai 2015 relatif à l’organisation des enseignements dans les classes de collège (publié au JO du 19 juin 2017)

« Devoirs faits »

Au collège, les élèves volontaires bénéficieront d’une aide aux devoirs dans le cadre d’études dirigées, au lendemain des vacances de Toussaint 2017. Il s’agit d’un temps d’étude organisé dans l’établissement, en dehors des heures de classe avec des enseignants volontaires, des assistants d’éducation, des personnels en service civique ou des associations partenaires. Le SUNDEP Solidaires se questionne sur les moyens pour mettre en place cette mesure alors que ces jours derniers, le ministre vient de demander et d’obtenir une rallonge sur son budget !