Le livret scolaire unique numérique à l’école et au collège, un fichage et triage des élèves généralisés ?

vendredi 7 octobre 2016


Depuis nombres d’années, les écoles s’appliquent à réaliser chacune un livret en équipes, à faire entrer les jeunes élèves dans des « cases » pour valider ou non les compétences...A la rentrée 2016, on continue mais avec un livret numérique... un intérêt ? Le ministère cherche à harmoniser les pratiques dans la forme mais le fond persiste ...

Dans la forme, car pour l’instant de livret, il n’y a que le nom et les tutoriels !
Déjà il en existe un certain nombre sur le net : « edumoov ; Bulleval ; Livret One Click ; livreval ». Ce sont des livrets qui ont déjà fait leur preuve en école primaire qui doivent être prolongés au collège puisque nous sommes sur un « socle commun de connaissances et de compétences » !

Dans le fond,
Le socle commun de 2015 (J.O du 02/04/2015) ouvre « dix années de la vie et de la formation des enfants, entre 6 et 16 ans », il présente ce que tout élève doit savoir et maîtriser à la fin de la scolarité obligatoire. Il a été introduit dans la loi en 2005 : « il rassemble l’ensemble des connaissances, compétences, valeurs et attitudes nécessaires pour réussir sa scolarité, sa vie d’individu et de futur citoyen. Un livret personnel de compétences permet de suivre la progression de l’élève. La maîtrise du socle est nécessaire pour obtenir le diplôme national du brevet (D.N.B.) ». La loi d’orientation et de programmation pour la refondation de l’École de la République du 8 juillet 2013 a fait évoluer et a redéfini le socle commun, désormais intitulé "socle commun de connaissances, de compétences et de culture ».
Pour le SUNDEP Solidaires, la priorité que se fixe l’Education nationale n’est pas « d’assurer la maitrise » du socle commun, mais il faut en finir avec le socle commun lui-même.

Il y a de la discrimination que de réduire les apprentissages des élèves au socle. Depuis, le premier socle de 2006 (loi 2005), le seul objectif de l’éducation nationale est de réduire les dépenses et faire des économies sous le couvert de réformes libérales et il s’appuie sur les mauvais résultats des élèves aux évaluations internationales de PISA. Hors depuis 2008, n’est-ce pas le ministère de l’éducation nationale qui a réduit de façon draconienne le nombre de maitre E et G, les RASED en France ? Ne veut- il pas continuer avec les professeurs des écoles en segpa (maitre F) en voulant faire les « inscriptions » des élèves fragiles et en grande difficultés scolaire dans des « classes de référence » (classe d’enseignement général et non adaptée) au collège ? N’est-ce pas un problème dû à la refonte des programmes qui ont amené ceux de 2008 ?

Les évaluations de PISA organisées par l’OCDE donc des « experts » mesurent la « compréhension de l’écrit, la culture mathématique et la culture scientifique ». Celles de 2006 montrent que les jeunes français n’auraient pas tant besoin d’exercices de répétitions et de mémorisation puisqu’ils maitrisent bien les mécanismes mais ils doivent progresser dans les domaines de la réflexion, de l’analyse, du réinvestissement des connaissances. Le problème est que jusqu’à présent les différents socles ne proposaient pas de développer l’esprit critique des élèves. Le socle de 2015 est plus dans cet esprit !

L’école serait-elle à terme vouée à ne dispenser que les savoirs du socle, laissant le soin au privé par exemple d’enseigner les autres savoirs à une élite, comme l’y pousse déjà l’assouplissement de la sectorisation des collèges dans certains quartiers ?

L’idée d’un livret scolaire, imaginé déjà depuis la fin des années 80, loin de sanctionner l’élève, doit être conçue pour l’aider à progresser à son rythme, dans le cadre des cycles. Véritable outil de communication avec les parents lorsqu’il leur est présenté, le livret permet aux enseignants de mieux cerner les acquis de l’élève ; il s’inscrit dans une démarche d’évaluation formative. À l’opposé des attestations de compétences du livret qu’on nous impose. À l’opposé du socle commun…la question des notes ou pas de note n’est que la partie immergée de l’iceberg...

Le SUNDEP Solidaires continue donc à proclamer un service public d’éducation équitable pour transformer l’école sans restreindre la formation d’un individu à un livret. L’école doit proposer l’accès à une culture commune et émancipatrice pour tous.
Le socle ne doit pas déterminer l’orientation professionnelle de chaque élève qui le contraindrait à rester dans sa condition première. L’école doit être un vecteur d’émancipation et de promotion sociale qui ne reproduit pas les inégalités(1) .

(1) Article Le Monde du 27/09/2016 « comment le système éducatif français aggrave les inégalités sociales ? »