A propos de l’organisation les 2 et 3 mai 2011 d’assises nationales du harcèlement à l’école, le Professeur Hubert Montagner, ancien Directeur de l’Unité Enfance inadaptée de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM), déclare [1] :
« On ne s’y prendrait pas autrement si on voulait détourner l’attention de l’opinion publique de la situation réelle de l’école et des écoliers.
On ne s’y prendrait pas autrement si on voulait occulter les conséquences désastreuses des mesures imposées par le ministère de l’Éducation nationale depuis trois ans (réduction du nombre de postes d’enseignants, extinction à terme des Réseaux d’aides spécialisées aux élèves en difficulté (RASED), fermetures de classes, regroupement d’écoles, augmentation de l’effectif d’enfants par classe, pseudo-évaluations discriminantes, cursus de formation des enseignants « insensé », « rythmes scolaires » aberrants, alourdissement des journées scolaires avec le poids augmenté des apprentissages dits fondamentaux, aide personnalisée aux enfants en difficulté scolaire à des moments de moindre réceptivité et disponibilité...).[...]
La création d’un conseil scientifique sur le harcèlement à l’école (...) et l’organisation les 2 et 3 mai 2011 d’assises nationales du harcèlement à l’école, sont des « arbres sécuritaires » qui masquent la forêt des problèmes des enfants, des familles, des enseignants, de l’école et de la société elle-même. »
Le discours sécuritaire voulu au plus haut niveau a eu pour effet, depuis 2007, de renforcer l’extrême droite [2].
Maintenant l’éducation est semble-t-il devenue domaine de prédilection pour développer ce discours sécuritaire. Faire de l’école, par des généralisations abusives et en tous lieux, une zone de haute insécurité est l’occasion d’une nouvelle table ronde pour le chef de l’État [3].
D’ailleurs le ministre Luc Chatel, comme le relate Rue89, va jusqu’à trahir un récent rapport de l’Observatoire international de la violence à l’école pour le compte de l’Unicef. qui, sans faire l’impasse sur les faits de violence avérés, met en avant la satisfaction des élèves et des parents face à l’école [4].
A nouveau, les risques sont encore un renforcement de l’extrême droite et des mouvements qui en sont proches ! Tend à le démontrer, par exemple, l’aplomb avec lequel l’association SOS Education fait actuellement campagne pour dénoncer la violence scolaire présentée comme un phénomène généralisé :
Comme le signale Touteduc [5], SOS Education n’hésite pas en effet à mettre en ligne un projet de décret « prêt à l’emploi » que le ministre n’aurait plus qu’à signer tel quel, décret qui est présenté exactement « comme il pourrait l’être s’il était publié au Journal officiel, ce qui donne à penser qu’il a été rédigé par les services du ministère. Le style en est d’ailleurs parfaitement imité ! » [6]
Et de fait, certains députés s’y sont semble-t-il laissés prendre, tel le député UMP de Haute-Saône qui a demandé à Luc Chatel la date de parution du texte au Journal Officiel !... [7]
Les manipulations de l’opinion publique et des parlementaires ont encore de beaux jours devant elles...
Merci au Mammouth déchainé